L’Allemagne a procédé ce vendredi 18 juillet 2025 à l’expulsion de 81 ressortissants afghans condamnés par la justice. Le vol charter a quitté le territoire allemand à destination de l’Afghanistan, marquant un nouveau tournant dans la politique migratoire du gouvernement de Friedrich Merz.
Selon le ministère de l’Intérieur, ces hommes étaient tous visés par une décision d’expulsion en raison de condamnations pénales. Il s’agit de la deuxième opération de ce type depuis le retour des talibans au pouvoir à Kaboul en 2021, et la première depuis la prise de fonction de la coalition actuelle réunissant conservateurs et sociaux-démocrates.
Ces expulsions interviennent alors que la question migratoire s’impose au cœur du débat politique allemand, sur fond de percée de l’extrême droite aux législatives de février. Pour le gouvernement Merz, ce durcissement vise à « faire respecter l’État de droit » et à « protéger la société allemande », selon les termes du ministre de l’Intérieur Alexander Dobrindt.
L’opération de vendredi a été rendue possible grâce à la médiation du Qatar, en l’absence de relations officielles entre Berlin et le régime taliban. Le gouvernement n’exclut toutefois pas l’ouverture de discussions directes avec les autorités de Kaboul, « à un niveau inférieur aux relations diplomatiques », pour permettre la poursuite des renvois.
Cette orientation est jugée préoccupante par plusieurs ONG. Amnesty International a dénoncé une politique « autoritaire » et contraire aux engagements humanitaires de l’Allemagne. L’ONG critique des expulsions vers un pays classé comme dangereux, où les droits fondamentaux sont loin d’être garantis.
Cette décision intervient alors que l’Allemagne accueille une réunion des ministres de l’Intérieur de cinq pays européens favorables à un durcissement des règles migratoires. L’objectif : élaborer une stratégie commune pour faciliter le renvoi des migrants déboutés, y compris vers des pays tiers proches de leur État d’origine.
Le chancelier Friedrich Merz, lui, insiste sur la nécessité de soulager la pression migratoire. Il a notamment affirmé que « l’immigration clandestine menace l’équilibre social », tout en appelant à une approche coordonnée au niveau de l’Union européenne.
Dans la continuité de ce virage, Berlin envisage également de revoir sa position vis-à-vis des ressortissants syriens. Jusque-là considérée comme trop instable pour permettre des retours, la Syrie pourrait ne plus bénéficier automatiquement de ce statut. La réforme du regroupement familial et les nouvelles conditions d’accès à la naturalisation s’inscrivent aussi dans cette logique de restriction.
Depuis la crise migratoire de 2015, où plus d’un million de réfugiés avaient été accueillis en Allemagne sous Angela Merkel, le cap a radicalement changé. Le gouvernement Merz entend désormais limiter les flux, renforcer les contrôles et réduire la charge sur les services publics.




