La décision est brutale et suscite une vive polémique. Au Niger, les autorités ont ordonné la dissolution de trois syndicats du secteur de la justice, déclenchant une levée de boucliers parmi les acteurs du système judiciaire et au-delà. Une décision qui, selon plusieurs observateurs, risque d’affaiblir l’État de droit et de pénaliser directement les populations.
Magistrats, agents de greffe, personnel technique… Tous concernés par cette décision prise sans concertation. Le gouvernement de transition, dirigé par le général Abdourahamane Tiani, accuse les syndicats dissous de « dérives répétées » et de nuire au bon fonctionnement du service public de la justice.
Mais pour les syndicats, cette dissolution est un acte politique motivé par la volonté de museler les voix indépendantes dans un contexte de rétrécissement des libertés au Niger. Le Saman (Syndicat autonome des magistrats du Niger) a immédiatement dénoncé « une attaque inacceptable » contre la séparation des pouvoirs, rappelant que « la justice ne doit être l’otage d’aucun pouvoir ».
Dans un communiqué au ton ferme, le Saman accuse le ministre de la Justice, Alio Daouda, d’instrumentaliser l’administration judiciaire à des fins personnelles. Le syndicat évoque un règlement de comptes : le ministre, ancien président de la cour d’appel de Niamey, aurait toujours gardé rancune à l’égard du syndicat qui l’a exclu en 2003.
Des recours judiciaires ont été déposés contre la dissolution, tandis que l’ordre national des avocats a annoncé une grève de deux jours à compter du 19 août. Les tensions montent, avec le risque d’un blocage prolongé du secteur judiciaire.
Ce nouvel épisode vient aggraver un climat déjà marqué par les restrictions de libertés, les intimidations contre la presse et les atteintes aux droits syndicaux. La branche africaine de la Confédération syndicale internationale a exprimé son inquiétude face à une dérive autoritaire et à l’escalade des violations des libertés fondamentales.
Pour de nombreux Nigériens, cette décision risque de fragiliser davantage la justice et d’éloigner un peu plus les citoyens d’un accès équitable à leurs droits.




