Le Premier ministre algérien Nadir Larbaoui a été limogé à la suite du drame de l’Oued El Harrach, où un bus a chuté d’un pont, provoquant la mort de 18 personnes et faisant 23 blessés. Il est remplacé par intérim par Sifi Ghrieb, ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique.
Le drame du 16 août a suscité une forte émotion dans l’opinion publique, amplifiée par l’absence prolongée du président Abdelmadjid Tebboune, officiellement en soins à l’étranger. Pendant plusieurs jours, l’armée a pris le devant de la scène, le chef d’état-major Saïd Chengriha se rendant au chevet des victimes, alors que Larbaoui apparaissait tardivement et n’a pas assisté à une réunion sécuritaire clé, révélant sa marginalisation.
Cette succession marque le quatrième Premier ministre en moins de six ans, traduisant l’instabilité chronique de l’exécutif algérien, où la présidence concentre les décisions et les chefs de gouvernement restent de simples figurants.
Le drame a également mis en évidence les limites de la politique d’interdiction des importations de véhicules et de pièces détachées, mesure destinée à économiser des devises et accusée d’avoir contribué au vieillissement du parc automobile et à l’augmentation des accidents. La récente annonce de l’importation de 10 000 bus et de pneus neufs, présentée comme « historique », peine à masquer l’échec de cette politique.
Certains observateurs évoquent désormais la responsabilité directe du président Tebboune, tandis que les réseaux sociaux et certains médias proches de l’armée dénoncent les choix économiques ayant aggravé la situation. Le limogeage de Larbaoui apparaît ainsi comme un geste de diversion destiné à absorber la colère populaire, sans remettre en cause les orientations du pouvoir. Reste à savoir si cette mesure suffira à apaiser la contestation ou si l’affaire de l’Oued El Harrach marquera un tournant politique pour le président.
