Les autorités judiciaires algériennes ont mis au jour un trafic de passeports falsifiés impliquant douze personnes, dont plusieurs agents communaux de la wilaya de Khenchela. L’enquête révèle que des migrants algériens en situation irrégulière en Europe auraient obtenu ces documents frauduleux pour un montant de 2 500 euros chacun.
Le cerveau présumé de l’opération, identifié sous le pseudonyme « Waliddz 24 », réside à Marseille. Il utilisait Snapchat et une ligne étrangère pour contacter les Harraga établis en France, en Espagne et dans d’autres pays européens. Pour convaincre ses clients, il leur envoyait des captures d’écran issues directement du système biométrique, ce qui a immédiatement mis les enquêteurs sur la piste de complicités locales.
Parmi les personnes inculpées figurent Kh. Aymen, chef du service biométrique de la commune, ainsi que deux employées, A. Kenza et B. Imane. D’autres complices présumés ont été arrêtés, dont un transporteur et plusieurs intermédiaires chargés de la récupération et de l’acheminement des documents.
Les charges retenues sont lourdes : association de malfaiteurs, falsification de documents officiels, abus de fonction, introduction frauduleuse de données dans un système informatique et remise illégale de documents administratifs.
L’affaire a éclaté en juillet 2024, après qu’un signalement concernant le compte « Waliddz 24 » a été transmis aux services de lutte contre la traite des êtres humains. Les investigations ont permis de découvrir plus de 1 100 passeports délivrés sans empreintes digitales en seulement un mois, dont certains au nom de personnes recherchées par la justice.
Kh. Aymen a admis avoir falsifié au moins trois passeports pour des migrants en France, expliquant avoir exploité le logiciel officiel du ministère de l’Intérieur pour introduire des dossiers fictifs. Une perquisition a conduit à la saisie de soixante faux passeports ainsi que de nombreux dossiers en attente de traitement dans son agence de location de voitures.
Ce scandale, qui mêle corruption administrative et réseaux transnationaux, illustre l’ampleur des défis sécuritaires liés à la fraude documentaire en Algérie et en Europe.




