Bamako, 18 septembre 2025. Le bras de fer entre la junte malienne et l’imam Mahmoud Dicko franchit un nouveau cap. Le gouvernement de transition a annoncé la dissolution officielle de la Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS), accusée de menacer la sécurité publique.
La décision, rendue publique dans un communiqué du Conseil des ministres, marque une nouvelle étape dans la marginalisation progressive de l’imam, figure religieuse influente et critique de plus en plus isolée dans un climat de répression politique.
Créée pour œuvrer à la paix sociale, la CMAS est désormais qualifiée par les autorités de “véritable organe politique de déstabilisation”. Le gouvernement reproche à l’organisation son évolution vers une opposition active, ainsi que l’absence de transparence sur ses activités internes.
Dans le viseur des autorités : les récentes visites à l’étranger de l’imam Dicko, notamment en Algérie, où il a été reçu par le président Abdelmadjid Tebboune fin 2024. Ce déplacement avait provoqué une crise diplomatique entre Bamako et Alger, soldée par le rappel temporaire des ambassadeurs des deux pays.
Ancien soutien de la junte, Mahmoud Dicko s’en est progressivement éloigné, devenant l’un de ses opposants les plus virulents. Il s’était élevé contre le projet de nouvelle Constitution, notamment pour son maintien de la laïcité de l’État malien, malgré les résistances de certains cercles religieux.
Son influence, même réduite, inquiète les autorités. Dans un contexte de réduction des libertés publiques, il reste l’un des rares leaders capables de mobiliser, en particulier dans les milieux populaires.
En février 2025, la CMAS avait rejoint la “Synergie d’action pour le Mali”, une coalition regroupant une trentaine de partis et mouvements d’opposition. Objectif affiché : proposer une alternative politique aux militaires au pouvoir.
La dissolution de la CMAS est donc interprétée par ses partisans comme une tentative d’étouffer toute forme d’alternative organisée. Dicko, lui, continue d’appeler à un retour à l’ordre constitutionnel et à une transition vers un pouvoir civil.




