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Centrafrique : 500 détenus de Ngaragba assistés gratuitement par des avocats pour faire respecter les délais légaux.

Dans une initiative inédite portée par le Barreau centrafricain, soutenue par la MINUSCA et le ministère de la Justice, 500 détenus indigents de la maison d’arrêt de Ngaragba bénéficient depuis le 15 septembre d’une assistance juridique gratuite. Objectif : faire respecter les délais légaux de détention préventive et désengorger une prison surpeuplée à plus de 500 %.

Pendant six jours, dix avocats commis d’office mènent des entretiens avec les détenus concernés. Ils recensent les cas de détention prolongée au-delà des plafonds fixés par le Code de procédure pénale : six mois pour les délits, seize mois pour les crimes. Passé ce délai, la libération doit être ordonnée par un juge, selon la loi. « Nous voulons que la loi soit respectée. Si des personnes sont maintenues en détention au-delà du délai légal, nous demanderons leur élargissement », a affirmé Me Yerima Johnny Fabien, avocat au Barreau centrafricain.

Située à Bangui, la prison centrale de Ngaragba est conçue pour accueillir 350 détenus. Elle en compte aujourd’hui 1 636, dont 568 en détention préventive prolongée, soit plus d’un tiers. Une situation critique qui alimente la frustration, l’isolement et les tensions dans l’établissement.

Depuis le lancement du projet le 30 juillet 2025, environ 150 détenus ont déjà reçu une première consultation juridique. Les avocats s’appuient sur ces échanges pour identifier les irrégularités, préparer les dossiers et saisir les juridictions compétentes, notamment la chambre d’accusation. « C’est un signal fort en faveur de l’État de droit », a souligné Jocelyn Ngoumbango Kohetto, responsable des affaires judiciaires à la MINUSCA. L’opération s’inscrit dans le mandat de stabilisation de la mission onusienne, qui mise sur le renforcement de l’appareil judiciaire et pénitentiaire pour consolider la paix.

Pour la MINUSCA et le Barreau, cette campagne est plus qu’un appui ponctuel : elle marque une étape décisive vers une justice plus équitable et une meilleure humanisation des conditions de détention en République centrafricaine. Des actions similaires pourraient prochainement être étendues à d’autres centres pénitentiaires du pays.

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