Politique & Société

Bénin : deux ados accusés de cybercriminalité traînent leurs parents devant la CRIET.

Ce mardi 23 septembre 2025, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a ouvert un procès peu commun : deux adolescents poursuivis pour escroquerie via internet, accompagnés de leurs propres parents à la barre, soupçonnés de complicité passive.

L’affaire débute par une interpellation : un élève de seconde est arrêté en compagnie de son cousin, en vacances chez lui. La police découvre dans sa chambre 2 millions de FCFA rangés dans une armoire, ainsi que 300 000 FCFA en liquide dans son sac scolaire. Une moto neuve, estimée à 800 000 FCFA, est également saisie.

Les deux adolescents sont placés sous mandat de dépôt. Mais rapidement, les soupçons remontent jusqu’aux parents de l’élève, également poursuivis, bien que laissés en liberté sous convocation.

À la CRIET, le père, auditeur de profession, et la mère, infirmière d’État, plaident non coupables. Tous deux affirment ne jamais avoir soupçonné leur fils d’activités cybercriminelles. Le père évoque ses absences fréquentes dues à ses obligations professionnelles. La mère, de son côté, dit n’avoir rien remarqué d’anormal : « Mon fils est poli, discret, il ne se plaint jamais quand on lui demande quelque chose. »

Concernant la moto saisie, elle explique avoir contracté un prêt de 500 000 FCFA, complété par son mari, pour l’acheter. Objectif : soulager la logistique familiale, car elle devait prêter sa propre moto chaque matin à ses enfants pour aller à l’école. Une solution « pratique », selon ses mots.

Sur la question des 300 000 FCFA en espèces, elle affirme que cet argent lui appartenait, destiné à régler une dette via son fils.

Interrogée sur le téléphone haut de gamme de son fils  un iPhone 16, selon le procès-verbal , la mère répond ne pas s’y connaître en marques, et rapporte que son fils lui aurait dit avoir reçu de l’argent d’un ami résidant au Brésil pour se l’acheter.

Face à la cour, le principal accusé plaide coupable. Il admet s’être fait passer pour un donateur fictif en ligne pour piéger ses victimes, leur soutirant au total près de 5 millions de FCFA, dont un seul virement de 2,4 millions.

Il aurait, selon l’enquête, initié son cousin, venu passer les vacances, à cette activité frauduleuse. Ce dernier, lui, nie toute implication.

Selon les déclarations recueillies, les deux jeunes auraient été influencés par un fils de voisine, présenté comme leur « formateur » en cybercriminalité. Ce dernier et sa famille ont quitté le quartier dès l’arrestation des cousins.

Avant de statuer, la Cour a exigé que les parents du principal prévenu produisent les justificatifs d’achat de la moto ainsi que les preuves de la provenance des 300 000 FCFA.

L’affaire a été renvoyée au 9 décembre 2025 pour la suite des débats.

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