La campagne électorale pour la présidentielle ivoirienne du 25 octobre 2025 a officiellement débuté ce vendredi à minuit. Mais l’ambiance est loin d’être sereine. Plusieurs figures majeures de l’opposition, dont Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, ont été exclues de la course par le Conseil constitutionnel, ravivant les tensions autour d’un scrutin jugé déséquilibré.
Le 8 septembre dernier, le Conseil constitutionnel a rendu publique la liste définitive des cinq candidats retenus parmi 60 dossiers déposés. Parmi les recalés : l’ancien président Laurent Gbagbo (PPA-CI) et l’ex-patron de Crédit Suisse, Tidjane Thiam (PDCI), tous deux radiés de la liste électorale.
Cette décision a provoqué une onde de choc dans le paysage politique ivoirien. En réaction, le PPA-CI et le PDCI, principaux partis de l’opposition, ont scellé une alliance baptisée « Front commun », pour dénoncer ce qu’ils qualifient de « mise à l’écart orchestrée ».
La course présidentielle se jouera donc entre Jean-Louis Billon, Ahoua Don Mello, Henriette Lagou, Simone Ehivet Gbagbo et Alassane Ouattara, le président sortant. Ce dernier brigue un quatrième mandat, une décision qui continue d’alimenter les controverses.
En 2020 déjà, la candidature d’Ouattara pour un troisième mandat avait déclenché des manifestations violentes. Le Conseil constitutionnel avait alors validé sa participation en arguant que l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2016 remettait les compteurs à zéro. Cette fois, l’instance ne s’est pas prononcée sur la légalité d’un quatrième mandat, laissant l’opposition sur sa faim.
Malgré leur exclusion, Gbagbo et Thiam n’entendent pas rester silencieux. Lors d’un meeting en août à Yopougon, Gbagbo a appelé ses partisans à refuser un quatrième mandat présidentiel pour Ouattara, affirmant que la Constitution ne permet pas à un citoyen d’exercer plus de deux mandats.
Un meeting de protestation est prévu le 11 octobre à Abidjan par le Front commun, bien qu’un précédent rassemblement prévu le 4 ait été interdit. Ce nouvel appel à manifester pourrait également être compromis, car il intervient en pleine période de campagne, soumise à des règles strictes.
Le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, a rappelé que les candidats doivent déclarer à l’avance toute réunion publique. Sont autorisés les meetings, les affiches, les diffusions de circulaires, les vêtements aux couleurs des partis, et les exemplaires de bulletins de vote.
En revanche, la CEI interdit formellement l’utilisation de véhicules de l’administration, les propos diffamatoires ou discriminatoires, ainsi que les appels à la haine, au tribalisme ou au racisme. Toute infraction à ces règles pourra entraîner des sanctions.
La campagne s’étendra du 10 au 23 octobre à minuit, sur fond de méfiance politique et de contestation croissante face à un processus électoral perçu comme verrouillé.




