Antananarivo est le théâtre de violentes manifestations depuis plusieurs jours. Des milliers de citoyens réclament le départ du président Andry Rajoelina et des réformes institutionnelles en profondeur. La situation s’est tendue avec l’intervention de l’armée, notamment du Capsat, sur fond d’affrontements avec les forces de sécurité.
Dimanche, la présidence malgache a publié un communiqué dénonçant ce qu’elle considère comme une tentative de prise de pouvoir par la force. Le pouvoir en place affirme que les actions menées sur le terrain sont contraires à la Constitution et appelle les institutions, les citoyens et l’armée à défendre l’ordre républicain.
Le président Rajoelina, dont la présence sur le territoire a été confirmée par ses services, a exprimé sa compassion aux familles des victimes et renouvelé son appel au dialogue. Il a insisté sur la nécessité de préserver l’unité nationale face à ce qu’il décrit comme une tentative de déstabilisation politique.
Dans une réaction officielle, l’Union africaine a exprimé sa vive inquiétude. Son président de Commission, Mahmoud Ali Youssouf, a appelé les parties malgaches à la retenue et au dialogue. Il a rappelé les engagements pris par Madagascar dans le cadre de la Déclaration de Lomé et de la Charte africaine de la démocratie.
Pour l’organisation panafricaine, toute sortie de crise ne peut se faire qu’à travers des moyens pacifiques, dans le respect de la légalité constitutionnelle et des droits fondamentaux.
Le Capsat (Corps d’Appui à la Protection des Institutions) a été largement impliqué dans les derniers événements. Son chef, le colonel Mikaël Randrianirina, a assuré qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’État mais d’une réponse « à l’appel du peuple ». Il a nié toute volonté de prise de pouvoir.
Le général Lylison René, également impliqué, a confirmé la mort d’un militaire du Capsat dans un échange de tirs avec la gendarmerie. Il a appelé à la fin des violences et à la protection des biens et commerces de la capitale.
De son côté, le général Jocelyn Rakotoson, chef d’état-major de l’armée de terre, a lancé un appel urgent au dialogue afin d’éviter une escalade incontrôlable.
Depuis le début du mouvement, au moins 22 personnes auraient trouvé la mort selon les Nations Unies. Un chiffre contesté par les autorités. Des milliers de manifestants ont convergé vers la place du 13 Mai, symbole des mobilisations populaires à Madagascar. Ils ont été escortés par des militaires, signe que certaines unités refusent de réprimer le mouvement.
Alors que les voix civiles et militaires se mêlent, que les bilans humains s’alourdissent et que la tension ne faiblit pas, le pays semble au bord d’un tournant décisif. La question qui se pose désormais : jusqu’où peut aller cette crise sans basculer dans une confrontation ouverte ?




