Dans un contexte économique encore fragile, la Tunisie marque un tournant décisif dans la gestion de sa dette publique. D’après le dernier rapport de la Banque mondiale, le pays affiche une discipline budgétaire exemplaire et un ratio dette/revenu national brut maîtrisé, malgré la pression d’un endettement à court terme encore élevé.
Fait marquant : avant même la fin septembre, la Tunisie a remboursé l’intégralité de sa dette extérieure prévue pour 2025. En réalité, elle est allée au-delà de ses engagements, réglant 125 % des échéances anticipées. Un effort qui dépasse les estimations de la loi de finances, laquelle tablait sur un montant de 8,469 milliards de dinars (soit environ 2,5 milliards d’euros).
Ce remboursement anticipé n’a nécessité aucun recours additionnel à l’endettement extérieur. Les autorités tunisiennes ont privilégié les ressources internes et l’autofinancement, tout en maintenant un niveau confortable de réserves en devises. C’est une première depuis plus de dix ans.
Cette performance s’inscrit dans une stratégie engagée depuis 2021 : réduire la dépendance vis-à-vis des bailleurs internationaux et renforcer la souveraineté financière. En mobilisant davantage les recettes fiscales et les ressources locales, la Tunisie parvient progressivement à recentrer son financement sur des bases nationales plus durables.
Les bons résultats du secteur extérieur ont largement soutenu cette réussite. L’augmentation des revenus touristiques, la hausse continue des transferts des Tunisiens de l’étranger et la progression des exportations notamment l’huile d’olive et les équipements mécaniques ont permis de consolider les réserves en devises. Cela a facilité le règlement anticipé de créances majeures : 1,126 milliard de dinars au FMI, 815 millions à Afreximbank et 159 millions au Royaume d’Arabie saoudite.
L’ensemble de ces remboursements s’intègre dans un plan de gestion de la dette publique estimé à 18,2 milliards de dinars pour 2025. Cette enveloppe se répartit entre 8,5 milliards pour la dette extérieure et 9,7 milliards pour la dette intérieure, auxquels s’ajoutent 6,5 milliards en intérêts.
La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) confirme également cette dynamique. Elle souligne une amélioration structurelle de la dette tunisienne : la part de la dette extérieure est passée de 70 % en 2019 à 50 % en 2025. L’encours global, quant à lui, devrait représenter 80,5 % du PIB en fin d’année, contre 84 % l’an dernier signe d’un rééquilibrage progressif entre financement externe et interne.




