L’ancien président béninois Boni Yayi sort de son silence pour dénoncer la proposition de révision de la Constitution visant à instaurer un Sénat au Bénin. Dans une déclaration publiée dans la nuit du lundi 3 novembre 2025, le chef du parti Les Démocrates (LD) rejette catégoriquement ce projet qu’il qualifie de “dérive institutionnelle”.
« Je ne saurais en aucun cas faire partie de cette institution comme membre de droit, ni cautionner un tel projet », affirme Boni Yayi, prenant ainsi ses distances avec une réforme qu’il juge contraire aux principes démocratiques.
Selon lui, la création d’une deuxième chambre parlementaire « ne va pas dans le sens du renforcement de notre démocratie » et s’inscrit dans une démarche « engagée sans consensus national ».
L’ancien chef d’État estime que cette initiative, loin de consolider le système politique, « accentue l’exclusion, fragilise la cohésion sociale et compromet la sérénité du débat républicain ».
Pour Boni Yayi, la future chambre haute n’est ni opportune ni légitime. Il s’interroge sur sa composition et ses missions, qu’il juge taillées pour « servir un seul homme » au détriment de l’intérêt général.
L’ex-président avertit que cette révision constitutionnelle pourrait « modifier la nature même du régime politique béninois » et mettre en péril « les acquis démocratiques chèrement obtenus par le peuple ».
Face à ce qu’il considère comme une manœuvre politique dangereuse, Boni Yayi appelle les 22 députés Les Démocrates à faire barrage à la révision constitutionnelle. Il les exhorte à user de leur minorité de blocage pour rejeter le texte : « En agissant ainsi, les députés LD honoreront leur serment d’artisans de la restauration de la démocratie au Bénin, à cette dernière session ordinaire de la 9ᵉ législature. »
L’ancien président invite également à ce que le peuple soit consulté directement, via un référendum, seule voie selon lui pour garantir la légitimité d’un tel changement : « Ensemble, défendons notre République, notre démocratie et notre unité nationale. Refusons toute altération de l’équilibre institutionnel qui menace notre vivre-ensemble et l’avenir de notre Nation. »
Cette prise de position de Boni Yayi, figure emblématique de l’opposition, intervient alors que la commission des lois de l’Assemblée nationale vient d’adopter la prise en compte de la proposition de loi portant révision de la Constitution. Son opposition frontale promet de raviver les tensions politiques au sein du Parlement et au-delà.




