Le Bénin marque les esprits à l’approche du 65e anniversaire de son indépendance. À quelques jours des célébrations, le président Patrice Talon a décidé d’inviter deux pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce geste diplomatique, annoncé par le porte-parole du gouvernement Wilfried Léandre Houngbédji, résonne comme une tentative de relancer un dialogue mis à mal par les tensions régionales.
Loin de se limiter à un simple protocole de fête nationale, cette invitation illustre une posture stratégique. Depuis plusieurs mois, le chef de l’État béninois s’efforce de maintenir le lien avec ses voisins sahéliens, en particulier le Niger. Des messages ont été adressés au général Abdourahamane Tiani. Des émissaires se sont rendus à Niamey. Aucun retour officiel pour l’instant, mais la démarche est claire : le Bénin refuse la rupture.
Ce choix s’inscrit dans un contexte sécuritaire alarmant. Le nord du Bénin, frontalier du Burkina Faso et du Niger, est régulièrement la cible de groupes armés. Face à une menace qui ne s’arrête pas aux frontières, la coopération entre États devient une question de survie. Le dialogue n’est donc plus une option, c’est une urgence.
En tendant la main à deux régimes membres de l’AES, le Bénin tente de bâtir une passerelle, même fragile, entre des visions opposées. Car depuis les coups d’État militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les relations sont devenues particulièrement tendues. La CEDEAO, dont le Bénin est un membre engagé, n’a pas hésité à condamner les prises de pouvoir par la force. En réponse, l’AES s’est constituée autour d’une volonté de souveraineté assumée, rejetant toute pression extérieure.
Mais à l’heure où les menaces s’intensifient, Patrice Talon parie sur une diplomatie du bon sens. Au lieu d’attendre un consensus politique régional, il privilégie une approche pragmatique, centrée sur la sécurité des populations. Une façon de rappeler que, malgré les divergences, les peuples du Sahel et ceux du golfe de Guinée partagent un destin lié.
Reste à voir si les autorités sahéliennes répondront favorablement à l’invitation. Leur présence ou non à Cotonou le 1er août en dira long sur leur volonté de renouer, ne serait-ce que symboliquement, avec leurs voisins.




