La tension est montée brutalement ce mardi 3 juin 2025 à la prison centrale de Bouaké, au centre de la Côte d’Ivoire. Une opération de fouille menée par l’administration pénitentiaire a dégénéré en affrontement, entraînant la mort de cinq détenus et faisant vingt-neuf blessés, dont six agents pénitentiaires. Le procureur de la République, Abel Nagbele Yeo, a confirmé ces chiffres dans un communiqué officiel.
L’intervention, qualifiée d’opération de routine, visait à retirer des objets interdits dans l’enceinte carcérale. Mais les choses ont basculé au moment où les agents ont atteint le bâtiment E, où plusieurs détenus se sont montrés hostiles, armés de gourdins, machettes et autres objets contondants. Face à l’agression, les agents pénitentiaires ont d’abord tenté de se replier sous la protection de tirs de sommation, avant l’arrivée en renfort des forces de la gendarmerie et de la police, qui ont mis fin aux violences.
Malgré ces incidents, la fouille s’est poursuivie et a permis la saisie de nombreux objets interdits, notamment des blocs de cannabis, des comprimés de Tramadol, dix-huit téléphones dont huit smartphones, trois grenades et plusieurs armes blanches. Autant d’éléments qui témoignent de la fragilité sécuritaire du système carcéral ivoirien.
La situation dans les prisons ivoiriennes reste alarmante. Avec environ 27 000 personnes détenues pour une capacité largement inférieure, le pays affiche un taux de surpopulation de 297 %, selon l’organisation Prison Insider. En avril dernier, la même prison de Bouaké avait déjà été le théâtre de violences : un détenu y avait perdu la vie lors d’une tentative d’évasion, tandis que plusieurs blessés avaient été enregistrés. À Abidjan, une émeute liée à la lutte contre les stupéfiants dans les centres de détention avait fait douze blessés.
Les ONG locales et internationales pointent régulièrement la surutilisation de la détention provisoire et l’insuffisance des alternatives à l’incarcération. Le Comité de l’ONU contre la torture a récemment exprimé son inquiétude face à la surpopulation carcérale et aux conditions de détention en Côte d’Ivoire. Les autorités, de leur côté, affirment avoir construit de nouvelles infrastructures pénitentiaires et libéré plus de 11 000 détenus via des grâces présidentielles entre 2019 et 2023.




