Washington a ouvert hier, un mini-sommet avec cinq chefs d’État africains ceux du Sénégal, de la Mauritanie, du Libéria, du Gabon et de la Guinée-Bissau à l’invitation de Donald Trump. L’objectif est de renforcer les partenariats économiques et sécuritaires dans une région devenue stratégique face aux offensives chinoises et russes.
Présentée comme une suite ciblée au sommet États-Unis/Afrique des affaires de Luanda, cette rencontre est consacrée aux investissements dans les minerais critiques, à la sécurité maritime dans le golfe de Guinée et à la lutte contre le crime organisé. Le format comprend des bilatérales et une session plénière avec les cinq présidents africains, tous issus de pays côtiers de l’Atlantique.
Mais ce dialogue s’ouvre sur fond de tensions. Quatre pays présents à Washington figurent sur une liste de 25 États africains visés par d’éventuelles restrictions migratoires, selon Reuters. Des accusations de fraude documentaire alimentent la défiance, alors que les États-Unis prônent officiellement une relation « gagnant-gagnant ».
L’analyste Alioune Aboutalib Lô, du Centre AKEM à Istanbul, note que l’intérêt américain pour la façade atlantique est aussi militaire : Washington s’inquiète de la présence croissante de la Russie dans la sous-région, via des bases, des ventes d’armes et des accords bilatéraux, notamment avec la Guinée, le Togo ou Sao Tomé.
Dans ce contexte, le Sénégal affiche une diplomatie indépendante. Ousmane Sonko a annulé une activité sportive aux États-Unis après un refus de visas. Diomaye Faye a priorisé une visite à Pékin. Une posture de souveraineté qui bouscule les attentes américaines, malgré des liens économiques solides qui les lient. +48 % d’importations sénégalaises en provenance des États-Unis en 2024, 586 millions de dollars d’échanges bilatéraux, et un traité d’investissement actif depuis 1983.
Plus largement, le commerce USA–Afrique a atteint 72 milliards de dollars en 2024. À Luanda, 2,5 milliards ont été engagés. Le sommet de Washington prépare déjà une prochaine rencontre, en septembre, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.
Mais face à une Amérique imprévisible et à une relation encore déséquilibrée, la voix africaine reste dispersée. Dr Lô recommande une meilleure coordination pour peser face aux grandes puissances.




