Le débat sur les retraites revient sur le devant de la scène politique française. Ce mercredi 12 novembre, les députés examinent l’article 45 bis du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, un texte qui prévoit de suspendre partiellement la réforme entrée en vigueur en septembre 2023.
Le gouvernement a déposé un amendement de dernière minute pour élargir cette suspension à de nouvelles catégories de travailleurs. Les carrières longues ainsi que les métiers dits « actifs » de la fonction publique, parmi lesquels les policiers, les pompiers ou encore les contrôleurs aériens, pourront partir un trimestre plus tôt. Cette mesure transitoire, présentée comme un geste d’apaisement, concernera plusieurs milliers de salariés.
Selon le ministère du Travail, son coût atteindra environ 300 millions d’euros dès cette année, avant de grimper à 1,9 milliard en 2026, puis de retomber progressivement. Le financement reposera sur une hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) de 1,4 point sur les revenus du capital, un amendement déjà adopté par les députés la semaine dernière.
Derrière les chiffres, c’est un fragile équilibre politique que le gouvernement tente de préserver. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, appelle les députés à aller plus loin. Elle réclame la suppression pure et simple de l’âge légal fixé à 64 ans, estimant que cette suspension ne fait que repousser le problème sans le résoudre.
L’article 45 bis vise notamment la génération née en 1964, qui pourrait désormais partir à 62 ans et neuf mois au lieu de 63 ans. Le Parti socialiste, à l’origine du compromis, revendique une victoire politique en échange de son soutien au gouvernement, permettant ainsi d’éviter une motion de censure.
Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail, défend de son côté une « mesure de stabilité », tandis que Gabriel Attal, chef du parti Renaissance, a invité ses députés à s’abstenir. Le gouvernement assure toutefois que la suspension sera appliquée, quel que soit le résultat du vote.
Les positions restent profondément divisées. Le Parti socialiste salue un premier pas. La France insoumise et les écologistes dénoncent une suspension « de façade » et réclament l’abrogation totale de la réforme Borne. Le Rassemblement national votera pour, alors que Les Républicains oscillent entre abstention et rejet.
Dans les faits, la génération 1964 profiterait d’un départ anticipé de trois mois. Mais sans nouvelle loi, le relèvement progressif de l’âge légal à 64 ans reprendrait automatiquement à partir de 2028.
Le gouvernement espère calmer la colère sociale. Mais pour de nombreux Français, cette suspension ressemble davantage à un sursis qu’à une solution durable.




