En pleine intervention sur un chantier de fibre optique à Tréméoc, dans le Finistère, Abdelkader Hamchrif, un technicien algérien de 39 ans, a accompli un geste de bravoure qui aurait pu lui coûter cher… alors qu’il risquait déjà l’expulsion du territoire français.
C’était le mercredi 17 septembre 2025. Comme chaque matin, Abdelkader croise un vieil homme sur le bas-côté d’une route. Il le salue, sans imaginer que quelques secondes plus tard, cet homme de 93 ans allait être violemment attaqué par un malinois enragé. « Je l’ai vu au sol, incapable de se défendre, et crier à l’aide… J’ai couru sans réfléchir. »
En quelques foulées, Abdelkader est sur les lieux. Il attrape le chien par le collier et, malgré la violence de l’animal, réussit à le repousser. L’homme est blessé, mais vivant. Un geste rapide, instinctif, qui a sauvé une vie.
Mais derrière ce sauvetage, c’est une autre réalité qui ressurgit : Abdelkader est sous le coup d’une OQTF, une Obligation de Quitter le Territoire Français. Arrivé en 2020, il travaille depuis cinq ans dans le secteur des télécoms. Intégré, actif, respecté, mais menacé d’expulsion. « Je travaille, je paie mes impôts, mon loyer. Pourtant, je ne dormais plus à cause de cette OQTF », confie-t-il.
Le paradoxe est saisissant : alors qu’il vit dans l’angoisse de devoir quitter la France, il sauve un citoyen français âgé au péril de sa propre sécurité, sans jamais penser à sa situation administrative.
À Tréméoc, l’histoire ne passe pas inaperçue. Habitants, voisins, élus locaux tous saluent le courage de ce technicien. Le nonagénaire et ses proches parlent même de « miracle », reconnaissant publiquement que sans Abdelkader, l’histoire aurait pu tourner au drame.
Face à l’émotion suscitée par ce sauvetage, les autorités ont fini par réagir. L’OQTF d’Abdelkader a été levée. Il peut désormais souffler. Mais il garde la tête froide. « Je ne suis pas un héros. Ce monsieur est encore en vie, c’est ce qui compte. »
Le cas d’Abdelkader illustre une réalité complexe : celle d’étrangers installés en France, intégrés, actifs, bienveillants, mais frappés par des décisions administratives qui ne tiennent pas toujours compte des réalités humaines.
Il ne s’agit pas d’un fait divers, mais d’un appel à repenser les politiques migratoires, à travers l’exemple concret d’un homme dont l’action a sauvé une vie sans distinction de papiers, de nationalité ou de statut.




