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Japon : le PLD en crise, Moriyama propose sa démission, Ishiba reste sous pression.

Le Parti libéral-démocrate (PLD), formation au pouvoir au Japon depuis des décennies, traverse une zone de turbulences politiques majeures. Mardi 2 septembre 2025, son secrétaire général, Hiroshi Moriyama, a proposé sa démission, après la perte successive de la majorité dans les deux chambres du Parlement.

Ce geste fort, perçu comme une tentative d’assumer les récents échecs électoraux, intervient dans un contexte de mécontentement croissant au sein du parti. « Je souhaite démissionner de mon poste afin d’assumer la responsabilité des résultats électoraux », a déclaré M. Moriyama, numéro 2 du PLD, lors d’une réunion interne consacrée à l’analyse du scrutin sénatorial du 20 juillet.

Lors de ce scrutin, la coalition dirigée par le PLD a perdu sa majorité à la chambre haute, quelques mois seulement après avoir déjà été contrainte de former un gouvernement minoritaire à la chambre basse.

Malgré ces revers, le Premier ministre Shigeru Ishiba, également président du PLD, refuse pour l’instant de céder à la pression. « Je prendrai une décision appropriée le moment venu », a-t-il déclaré mardi, tout en affirmant n’avoir « pas l’intention de fuir ses responsabilités » ni de « s’accrocher à son poste ».

La crise s’approfondit avec l’annonce de deux autres démissions probables. Shunichi Suzuki, président du conseil général du PLD, et Itsunori Onodera, chef de la stratégie politique, ont eux aussi exprimé leur volonté de quitter leurs fonctions, selon l’agence Jiji.

Depuis son arrivée à la tête du parti en octobre dernier, Shigeru Ishiba a vu sa popularité décliner, en grande partie à cause d’une inflation persistante et de plusieurs affaires de corruption impliquant des membres du PLD. Le coût de la vie, notamment les prix du riz, est devenu un sujet de tension dans tout le pays.

Mais contre toute attente, l’opinion publique semble lui accorder un léger répit. Un sondage publié par Yomiuri la semaine dernière révèle que 50 % des Japonais souhaitent qu’Ishiba reste à son poste, contre 42 % en faveur de son départ.

Cette remontée dans les sondages s’explique en partie par un succès diplomatique : la signature fin juillet d’un accord commercial avec les États-Unis, qui a permis de réduire les droits de douane américains de 25 % à 15 %. Deux jours après les élections, cet accord a été perçu comme une victoire inattendue pour le gouvernement, en pleine tourmente.

Le même sondage indique que le taux d’approbation de la gestion des négociations commerciales par Ishiba est passé de 29 % en juin à 42 % en août.

Autre facteur clé de ce regain de soutien : la décision du gouvernement de relancer massivement la production de riz, afin de lutter contre la flambée des prix. Ce virage stratégique a été salué par 86 % des sondés. La hausse des prix est en partie liée à une récolte 2023 affaiblie par des chaleurs extrêmes, mais aussi à une vague d’achats de panique en 2024, consécutive à une alerte au « mégaséisme ».

La proposition de démission de Hiroshi Moriyama marque un tournant dans la crise que traverse le PLD. Si le Premier ministre refuse de lâcher la barre, les appels à un renouvellement de la direction se multiplient. Les semaines à venir s’annoncent décisives pour Shigeru Ishiba, qui joue désormais sa survie politique sur sa capacité à stabiliser le parti et à convaincre que ses réformes peuvent encore porter leurs fruits.

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