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Madagascar : le colonel Michaël Randrianirina officiellement investi président de la refondation.

Trois jours après la prise de pouvoir de son unité militaire, le colonel Michaël Randrianirina s’apprête à être officiellement investi, ce vendredi 17 octobre 2025, comme « président de la refondation » de Madagascar.
Une ascension fulgurante pour ce militaire de 51 ans, passé en deux ans du statut de suspect de tentative de coup d’État à celui de nouveau dirigeant de l’île, sans passer par les urnes.

Le président déchu, Andry Rajoelina, a quitté le pays après un vote de destitution à l’Assemblée nationale, suivie de la dissolution de cette dernière. La Haute Cour constitutionnelle a rapidement invité le colonel à exercer les fonctions de chef de l’État, une décision que ses partisans présentent comme un « retour à la légalité ».

La cérémonie d’investiture, organisée dans l’enceinte de la Haute Cour constitutionnelle à Ambohidahy, se déroule dans un climat de sobriété. Plusieurs figures politiques, représentants du collectif Gen Z, initiateur des manifestations, ainsi que des diplomates étrangers  notamment de l’Union européenne, des États-Unis et de la France y prennent part.

Ce lieu symbolique, dominé par son architecture Art nouveau française, surplombe le tunnel d’Ambohidahy, devenu un point de ralliement des protestataires depuis le 25 septembre. Les manifestations, déclenchées par la colère populaire contre les coupures d’eau et d’électricité, ont fait au moins 22 morts et une centaine de blessés, selon l’ONU.

Malgré les accusations de la communauté internationale, le colonel Randrianirina rejette le terme de coup d’État. « Un coup d’État, c’est quand les soldats entrent dans le palais présidentiel avec des armes et du sang. Ce n’est pas le cas ici », a-t-il affirmé.

Les militaires de son unité, le Capsat, avaient déjà joué un rôle clé dans la chute d’Andry Rajoelina en 2009. Cette fois encore, ils ont basculé du côté des manifestants avant d’annoncer officiellement la « prise de pouvoir » mardi dernier.

Mais l’ONU a condamné ce « changement inconstitutionnel de pouvoir », et l’Union africaine a suspendu Madagascar de toutes ses instances. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a toutefois reconnu depuis le Nigéria que « la transition est désormais engagée », tout en appelant à « une pleine association des civils » dans le processus.

Depuis son exil, l’entourage de l’ex-président Andry Rajoelina affirme qu’il a quitté le pays pour échapper à de « graves menaces » contre sa vie. D’après RFI, il aurait été exfiltré par un avion militaire français.

De son côté, le colonel Randrianirina promet une « transition respectueuse de la loi », même s’il émet des réserves sur la tenue d’élections dans les 60 jours exigés par la Haute Cour constitutionnelle. Selon lui, le système électoral actuel n’est « pas accepté par tous ». Il propose plutôt un scrutin dans 18 à 24 mois, le temps de rétablir la confiance nationale.
Un processus de consultation est en cours pour désigner un Premier ministre.

Madagascar, marqué par une succession de crises politiques et militaires depuis son indépendance, demeure l’un des pays les plus pauvres du monde.
Près de 80 % des 32 millions d’habitants vivent avec moins de 2,80 euros par jour, selon la Banque mondiale.
La population, lasse des instabilités, espère que cette nouvelle transition apportera enfin une gouvernance stable et des perspectives de développement durables.

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