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Mali : deux mois sans nouvelles de El Bachir Thiam, le silence inquiète.

Depuis son arrestation le 8 mai dernier, le jeune militant El Bachir Thiam est maintenu en détention secrète. Membre du parti dissous Yelema, il incarne aujourd’hui les dérives autoritaires du régime militaire malien.

Deux mois après son interpellation lors d’un vaste coup de filet contre les mouvements pro-démocratie, El Bachir Thiam reste introuvable. Aucune procédure judiciaire en cours, aucun contact avec un avocat, aucun signe de vie. Ce silence prolongé alimente les craintes d’une disparition forcée, dans un climat où la répression politique se fait de plus en plus brutale.

Contrairement à ses compagnons d’arrestation déjà relâchés, El Bachir Thiam demeure en détention. Peu connu du grand public, ce jeune militant engagé n’occupait pourtant pas de fonction de premier plan. Mais son appartenance au parti Yelema, fondé par l’ex-Premier ministre Moussa Mara, et sa fidélité à ses idéaux démocratiques semblent en avoir fait une cible. Dans la ville de Kati, bastion militaire, toute voix dissidente est systématiquement étouffée.

Selon des témoignages obtenus par ses proches, les conditions de détention seraient extrêmement précaires : manque de lumière, mauvaise hygiène, rationnement alimentaire, isolement total. Un traitement que sa famille interprète comme une volonté de l’épuiser psychologiquement pour en faire un exemple dissuasif.

L’absence totale de communication des autorités sur son sort apparaît comme une stratégie assumée : faire disparaître sans traces, sans procès, sans aveu. Une méthode qui illustre le durcissement du régime face à toute opposition, même modeste. Et malgré les violations évidentes de ses droits, aucune réaction officielle n’est enregistrée, ni à Bamako, ni sur la scène internationale.

Si les manifestations de soutien restent discrètes, quelques voix osent désormais dénoncer publiquement la situation : anciens camarades de lutte, proches, membres de la société civile. Tous s’inquiètent du silence qui entoure le cas Thiam et appellent à une mobilisation plus large.

En l’absence de réponses, El Bachir Thiam est en passe de devenir un symbole : celui d’une jeunesse muselée, mais toujours debout face à la peur. Reste à savoir si cette indignation naissante suffira à briser le silence qui pèse sur son nom.

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