Un hélicoptère militaire malien s’est envolé discrètement, jeudi matin, du site minier de Loulo-Gounkoto avec à son bord une tonne d’or. Une opération orchestrée dans le plus grand secret par les autorités de Bamako, selon des révélations exclusives de l’agence Reuters. Ce transport, inédit par son caractère confidentiel, relance les spéculations sur la gestion des ressources stratégiques du pays.
Le chargement provenait d’un stock saisi à la société canadienne Barrick Mining, suite à une décision judiciaire de janvier dernier. À l’époque, trois tonnes d’or avaient été mises sous scellés. Selon une source proche du dossier, l’or évacué jeudi représenterait l’intégralité du reliquat encore présent sur le site.
L’opération a été autorisée par un administrateur judiciaire récemment désigné par un tribunal malien : Soumana Makadji, ancien ministre de la Santé. Ce dernier aurait reçu pour mandat de relancer l’activité du site, considéré naguère comme le plus important gisement aurifère du Mali. L’exploitation des stocks serait utilisée comme levier pour financer une remise en route progressive.
Le convoi, selon les témoins locaux, s’est déroulé dans un calme absolu. Atterrissage à l’aube sur une piste discrète, transfert vers la salle de stockage sous escorte militaire, puis décollage cinq heures plus tard avec des lingots à bord. L’absence de communication officielle renforce l’effet de surprise.
Le groupe minier canadien n’a pas tardé à réagir. Engagé dans un bras de fer avec Bamako depuis l’entrée en vigueur du nouveau code minier en 2023 qui augmente la part de l’État et les taxes sur les ressources Barrick a dénoncé une « initiative illégitime et inopportune ». La société, en procédure d’arbitrage devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), estime que cette relance unilatérale viole ses droits contractuels.
Pour rappel, Barrick avait suspendu ses opérations après des mois de tensions : blocage des exportations, arrestation de cadres locaux, saisie de stocks. Le site de Loulo-Gounkoto, bien qu’ayant cessé ses activités principales, a récemment redémarré ses unités de traitement de minerai. Selon les documents internes cités par Reuters, une nouvelle production de lingots est attendue dans les prochains jours.
Ni le gouvernement malien, ni l’administrateur judiciaire Soumana Makadji n’ont commenté l’opération. Mais ce mouvement stratégique en dit long sur la volonté de l’État de reprendre la main sur les ressources minières face aux grandes multinationales. Si les détails de cette initiative restent flous, elle confirme une rupture assumée avec les anciennes pratiques de gestion extractive au Mali.




