Dans une prise de parole attendue, Michel François Oloutoyé Sodjinou, député et coordonnateur de la 19ᵉ circonscription du parti Les Démocrates, s’insurge contre ce qu’il qualifie de dérive autoritaire. Il accuse l’ancien président Boni Yayi d’avoir transformé le parti en instrument de pouvoir personnel, au détriment des idéaux démocratiques.
Après des mois de silence, Michel Sodjinou sort de l’ombre. Son message est limpide : le parti Les Démocrates n’est plus fidèle à sa promesse originelle. Fondé pour incarner une alternative démocratique, il serait aujourd’hui dirigé par une minorité fermée, à la solde d’un leadership qu’il juge dépassé.
Dans une déclaration poignante, Sodjinou évoque son attachement au parti, dont il fut un membre fondateur. Mais il dit ne plus pouvoir se taire face à la confiscation progressive de la démocratie interne. À ses yeux, les pratiques actuelles rappellent les dérives du passé, lorsque les choix de candidatures se décidaient dans des cercles restreints, sans débat, sans consultation, et sans transparence. « Le respect dû au président Yayi ne doit pas nous empêcher de dire la vérité. »
Le député revient sur un tournant décisif : le congrès de Parakou en 2023. Il y dénonce des discours marqués par le régionalisme et une volonté claire d’écarter certains cadres historiques. Depuis ce moment, dit-il, le fonctionnement du parti s’est refermé sur lui-même, laissant peu de place au dialogue.
Sodjinou déplore un climat de peur : chaque tentative d’expression est assimilée à de la rébellion. Des accusations de trahison, des pressions internes, et des marginalisations auraient visé tous ceux qui osent contester la ligne imposée par le cercle rapproché de Boni Yayi.
Concernant l’élection présidentielle de 2026, Michel Sodjinou l’affirme : le processus de désignation du candidat n’a rien de démocratique. Il évoque la pratique des signatures à blanc sur les fiches de parrainage et l’exclusion de figures qui ne seraient pas issues des « bonnes régions ».
Il met en cause la promotion annoncée de Renaud Agbodjo, un avocat certes compétent, mais dont la légitimité politique est selon lui inexistante. Cette désignation, qui ne serait que la suite d’un plan orchestré de longue date, viendrait, d’après lui, parachever un cycle de manipulation.
Depuis les élections législatives de 2023, Les Démocrates avaient une carte historique à jouer. Forts de 28 sièges à l’Assemblée, ils pouvaient bâtir un projet fédérateur. Mais, selon Sodjinou, cet élan a été brisé par un pouvoir centralisé et des décisions unilatérales, où même des coordinateurs officiels n’ont plus aucun rôle réel. « Nous avons des dizaines de coordonnateurs sur papier, mais dans la réalité, à peine quatre ou cinq personnes décident pour tous. »
Le député affirme que plusieurs de ses collègues subissent, comme lui, les mêmes mises à l’écart, les mêmes provocations, et les mêmes humiliations. Mais la peur du discrédit les pousse au silence.
Face à cette dérive, Michel Sodjinou annonce qu’il ne reconnaît pas le processus actuel de désignation présidentielle. Il refuse de cautionner ce qu’il qualifie de mise en scène. Selon lui, ce n’est pas une rupture, mais un acte de fidélité aux principes démocratiques.
Il appelle à une refondation du parti Les Démocrates, sur des bases solides : respect des militants, collégialité, et courage politique. Pour lui, il n’est pas trop tard pour corriger le tir, à condition d’écouter la base et de rejeter les logiques claniques. « La vraie grandeur politique ne réside pas dans l’autorité, mais dans la capacité à rassembler, à fédérer, à faire confiance. »




