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Nigéria : une minute de silence pour Muhammadu Buhari, décédé à 82 ans à Londres.

Une minute de silence a été observée avant le coup d’envoi du match Nigéria-Algérie en hommage à l’ancien président nigérian Muhammadu Buhari, décédé ce dimanche 13 juillet 2025 à Londres, à l’âge de 82 ans. La Confédération africaine de football (CAF) a annoncé ce geste symbolique via sa page Facebook.

L’ex-président, affaibli depuis plusieurs mois par une longue maladie, est mort dans une clinique londonienne, selon un communiqué officiel de la présidence nigériane relayé par son ancien porte-parole, Garba Shehu. L’actuel chef d’État, Bola Ahmed Tinubu, a exprimé sa « profonde tristesse » et annoncé la mise en berne des drapeaux ainsi que le rapatriement imminent de la dépouille, confié au vice-président Kashim Shettima.

Pour rappel, originaire du nord du Nigéria et musulman pratiquant, Muhammadu Buhari avait dirigé le pays une première fois en tant que militaire de 1983 à 1985, avant de revenir au pouvoir par les urnes en 2015. Il est devenu le premier opposant à battre un président sortant dans une élection démocratique au Nigéria, marquant un tournant historique dans la vie politique du pays.

Réélu en 2019 malgré une santé vacillante et des critiques persistantes, son second mandat n’a pas permis de résoudre les principaux maux nigérians : insécurité grandissante, corruption endémique, stagnation économique dans un pays pourtant riche en ressources.

Son décès relance les souvenirs d’une présidence souvent marquée par ses absences prolongées pour raison de santé. Durant son premier mandat civil, Buhari avait passé plusieurs mois à Londres pour y recevoir des soins, sans que les Nigérians soient toujours informés de son état réel. Ces séjours avaient suscité l’agacement de l’opinion, révélant le malaise autour du système de santé national et un déficit de transparence gouvernementale.

Une anecdote révélatrice de cette époque a récemment refait surface : son porte-parole de l’époque, Garba Shehu, a reconnu avoir inventé en 2017 une histoire d’« invasion de rats » dans les bureaux présidentiels pour justifier l’absence prolongée de Buhari au palais. Un stratagème destiné à détourner l’attention sur son état de santé.

Porté par de grands espoirs à son arrivée au pouvoir, notamment sur le front de la lutte anticorruption, Buhari a vu sa popularité s’effriter au fil des années. La célèbre écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie l’avait vivement critiqué en 2020 dans une tribune au New York Times, dénonçant « un échec de leadership » et « une indifférence assumée » face aux défis majeurs du pays.

Malgré les critiques, il reste une figure emblématique de la politique nigériane contemporaine, à la fois pour son parcours militaire et son retour triomphal à la tête de l’État. Sa mort, survenue à Londres, loin du sol nigérian, referme une page contrastée de l’histoire du pays.

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