Les relations entre le Burkina Faso et les États-Unis viennent de connaître un nouveau revers. L’ambassade américaine à Ouagadougou a annoncé la suspension temporaire de la délivrance de la majorité des visas à destination des Burkinabè. Désormais, les demandeurs devront se rendre à Lomé, au Togo, pour leurs démarches, à l’exception des visas diplomatiques et officiels.
Selon le communiqué du Département d’État daté du 8 octobre 2025, cette mesure vise à garantir la conformité du processus de délivrance des visas aux normes américaines de sécurité nationale et publique. Elle concerne aussi bien les visas d’immigrant que de non-immigrant, incluant les touristes, étudiants, hommes d’affaires et participants à des programmes d’échange.
Le gouvernement burkinabè a rapidement réagi en annonçant des mesures de réciprocité. Le ministre des Affaires étrangères, Jean Marie Traoré, a expliqué à la télévision nationale que cette décision américaine intervient après le refus catégorique du Burkina d’accueillir des immigrants irréguliers présents aux États-Unis. « Le Burkina restera une terre de dignité et non une terre de déportation », a-t-il déclaré, tout en réaffirmant que Ouagadougou reste attaché à l’amitié entre les deux peuples.
Cette brouille diplomatique intervient pourtant après un rapprochement récent. En juillet dernier, le général Kassoum Coulibaly, nouvel ambassadeur du Burkina Faso, avait été reçu par le président américain Donald Trump à la Maison Blanche. L’entretien, marqué par des échanges cordiaux, avait été présenté comme le signe d’un renforcement des relations bilatérales autour de la coopération économique, énergétique et sécuritaire.
Mais la suspension des visas relance les tensions dans un contexte régional en pleine mutation. Le Burkina Faso, engagé dans une dynamique de souveraineté et de reconquête territoriale, a multiplié les partenariats stratégiques avec la Russie, au même titre que le Mali et le Niger, marquant une rupture progressive avec les puissances occidentales.
De leur côté, les États-Unis tentent de repositionner leur influence au Sahel, après des années de recul diplomatique. Le sous-secrétaire d’État pour l’Afrique de l’Ouest, Will Stevens, avait d’ailleurs rencontré en mai dernier Jean Marie Traoré pour évoquer une coopération « respectueuse de la souveraineté ».




