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Procès de Roger Lumbala à Paris: l’ancien chef rebelle refuse à nouveau de comparaître.

Au deuxième jour de son procès à Paris, Roger Lumbala, soixante sept ans, a de nouveau refusé d’entrer dans le box des accusés, alors même qu’il se trouvait dans le palais de justice. Premier Congolais jugé en France au nom de la compétence universelle, l’ancien chef rebelle conteste ouvertement l’autorité des magistrats français pour le juger pour crimes contre l’humanité.

Comme il l’avait déjà fait lors de l’ouverture du procès, mercredi, il a refusé jeudi matin de se présenter face à la cour. Ses avocats, qu’il a officiellement récusés, ne se sont pas présentés non plus, tout comme l’avocat commis d’office. Dès sa première prise de parole, il avait rejeté toute implication et mis en cause la légitimité du procès. Il avait même établi un parallèle provocateur avec l’histoire coloniale, créant un moment de tension dans la salle d’audience. Le douze novembre, il a répété qu’il ne comparaîtrait plus et a déclaré que la France n’avait selon lui aucune compétence pour le juger.

Roger Lumbala est poursuivi pour association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes contre l’humanité ainsi que pour complicité de crimes contre l’humanité. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité pour des faits commis entre deux mille deux et deux mille trois, au cœur de la deuxième guerre du Congo, période durant laquelle il dirigeait le RCD National, un groupe armé soutenu par l’Ouganda et actif dans la région stratégique de Beni, en Ituri.

L’opération baptisée Effacer le tableau, menée par ses hommes, est associée à des meurtres, des viols et des pillages systématiques, selon un rapport des Nations unies. Des témoins congolais et étrangers décrivent un climat de terreur, l’exploitation forcée des ressources minières et un braconnage intensif.

Après la guerre, Roger Lumbala a brièvement occupé le portefeuille du Commerce extérieur avant d’être suspendu en deux mille quatre pour des faits de corruption. Il a ensuite rejoint le mouvement M23, soutenu par le Rwanda et impliqué dans de nombreuses violations des droits humains. En deux mille douze, il avait échappé à une arrestation au Burundi et s’était réfugié à l’ambassade d’Afrique du Sud avant de rejoindre la France, où sa demande d’asile sera finalement rejetée.

Le signalement transmis en deux mille seize par l’Ofpra a entraîné l’ouverture d’une enquête confiée à l’OCLCH. Celle-ci a abouti à son arrestation en décembre deux mille vingt. Pour de nombreux observateurs, ce procès constitue une avancée majeure dans la lutte contre l’impunité dans la région des Grands Lacs. Les audiences se poursuivent à Paris, malgré le refus persistant de l’accusé de se présenter devant la cour.

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