C’est une décision qui suscite déjà de vifs débats. Le ministère de l’Éducation nationale du Mali a annoncé, ce jeudi 9 octobre 2025, la suspension immédiate de l’enseignement de la Révolution française dans les classes de 9ᵉ année. La mesure, présentée comme urgente, a été officiellement transmise aux académies d’enseignement à travers une note signée par le secrétaire général du ministère, Boubacar Dembélé.
Ce retrait intervient dans le cadre d’une révision des programmes scolaires, amorcée depuis plusieurs mois. Objectif affiché : adapter les contenus éducatifs au contexte malien, avec une volonté de renforcer l’ancrage local dans les enseignements historiques.
Dans le document transmis aux directeurs des académies et centres pédagogiques, le ministère demande l’application immédiate de la mesure. Toutes les écoles doivent retirer la leçon portant sur la Révolution française de leurs cours de 9ᵉ année. Aucune alternative n’a encore été précisée pour remplacer ce chapitre emblématique de l’histoire européenne.
Le ton de la note ne laisse place à aucune ambiguïté : toute non-application de cette directive sera sanctionnée. Les responsables régionaux de l’éducation sont appelés à prendre les dispositions nécessaires sans attendre.
Cette suspension s’inscrit dans un contexte politique et identitaire plus large, où le Mali redéfinit son rapport à certains héritages coloniaux. Le retrait de l’enseignement de la Révolution française résonne comme un acte fort, dans un pays qui cherche à recentrer ses programmes sur son propre récit historique, ses valeurs et ses figures de résistance.
En mars dernier, le Mali a officiellement quitté l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), une décision justifiée par une volonté de souveraineté renforcée face à des institutions perçues comme trop liées à l’ancienne puissance coloniale. Depuis, les autorités maliennes affichent clairement leur ambition de refonder les fondements de l’éducation nationale en cohérence avec les aspirations populaires et les dynamiques régionales, notamment au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Si certains applaudissent cette décision, la considérant comme un acte d’émancipation pédagogique et une affirmation d’identité, d’autres s’inquiètent des conséquences sur l’ouverture intellectuelle des élèves. La Révolution française, au-delà de son contexte européen, est souvent enseignée comme un repère universel dans la compréhension des notions de droits de l’homme, de citoyenneté et de transition politique.
Faut-il privilégier les récits locaux au détriment des références historiques mondiales ? Le débat est lancé. Pour l’heure, aucune mesure de substitution n’a été annoncée. La suite du programme reste en cours d’ajustement.




