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Tunisie : trente ans de prison pour l’ancien président de la Cour de cassation Tayeb Rached.

C’est une condamnation qui secoue tout l’appareil judiciaire tunisien. L’ancien président de la Cour de cassation, Tayeb Rached, a été condamné à trente ans de prison par la chambre criminelle spécialisée dans les affaires de corruption financière du Tribunal de première instance de Tunis.

Ce verdict, rendu lundi, vient clore un procès emblématique d’un système judiciaire fragilisé par les scandales. Tayeb Rached, considéré comme l’une des figures majeures de la magistrature tunisienne, a été reconnu coupable de corruption, de blanchiment d’argent et de falsification de documents officiels.

Aux côtés de l’ancien magistrat, deux hommes d’affaires, Nejib Ben Ismaïl et Fethi Jenayeh, ont écopé respectivement de vingt-sept et trente ans d’emprisonnement, tandis qu’un juge révoqué a été condamné à vingt ans de prison.

Le Parquet spécialisé près la Cour d’appel de Tunis avait instruit le dossier sur la base de faits graves : constitution d’un réseau de blanchiment d’argent, corruption active et passive, instigation à la corruption et usage de faux documents. L’affaire révèle des liens étroits entre magistrats et milieux d’affaires, dans un contexte de crise institutionnelle et de méfiance grandissante envers la justice tunisienne.

Le nom de Tayeb Rached avait déjà défrayé la chronique en 2020, après la découverte de mouvements financiers suspects de plusieurs millions de dinars sur ses comptes. L’enquête interne menée à l’époque avait mis en lumière des pratiques opaques au sommet du pouvoir judiciaire, sans qu’aucune réforme de fond ne parvienne à restaurer la confiance du public.

Malgré les discours officiels sur la lutte contre la corruption, la Tunisie reste secouée par des affaires impliquant des hauts magistrats et des acteurs économiques influents. Cette condamnation historique souligne la volonté affichée du pouvoir d’assainir la magistrature, tout en ravivant les critiques sur l’instrumentalisation politique de la justice.

Sous la présidence de Kaïs Saïed, les purges dans le corps judiciaire se sont multipliées. Plus d’une centaine de magistrats ont été suspendus ou poursuivis depuis 2021. Une dynamique que les ONG locales et internationales jugent préoccupante, y voyant une concentration du pouvoir et une érosion de l’État de droit.

La chute de Tayeb Rached, figure autrefois intouchable, restera sans doute comme un tournant symbolique. Mais pour de nombreux Tunisiens, elle ne suffira pas à redonner à la justice son indépendance et sa crédibilité.

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