Il aura suffi d’une lettre manuscrite pour secouer les consciences. Celle de Mira, 10 ans, a franchi les murs des écoles, traversé les réseaux sociaux et atterri au cœur du débat national. Son appel, simple et déchirant, demande au président Patrice Talon de libérer ses parents, incarcérés depuis 2022 dans le cadre de l’affaire « Tiens Ds Com ».
Face à l’émotion grandissante, le gouvernement a réagi. Wilfried Léandre Houngbédji, son porte-parole, s’est exprimé publiquement. Il dit avoir entendu ce cri d’enfant. Mais il rappelle que la justice n’agit pas au rythme des émotions. Selon lui, Mira n’est pas seule dans cette douleur : « Dans nos prisons, il y a environ 13 000 personnes détenues. Beaucoup sont aussi des pères et des mères. »
Entre empathie et respect des lois, l’exécutif béninois marche sur une ligne de crête. Le porte-parole admet que l’histoire de Mira interpelle. Il voit en elle le reflet de nombreux enfants anonymes, marqués par l’absence d’un parent emprisonné. Mais il insiste : la justice doit suivre son cours. « Toutes les personnes incarcérées doivent répondre des faits qui leur sont reprochés, selon les règles établies par l’État de droit. »
En filigrane, une question délicate : jusqu’où l’émotion peut-elle influer sur les décisions de justice ? Pour Houngbédji, la réponse est claire. La compassion ne peut faire plier la loi. Toutefois, il laisse entendre que le moment viendra où les responsabilités seront pleinement établies : « Nous espérons que le temps de l’acquiescement arrive bientôt. »
La lettre de Mira, publiée le 8 mai 2025, continue de circuler sur les réseaux. Dans ce témoignage à la fois bouleversant et d’une maturité saisissante, la fillette évoque sa vie depuis l’arrestation de ses parents. Elle parle de la précarité, de l’école qu’elle a dû abandonner, des nuits remplies de larmes et de l’absence qui s’étire.
Qu’on soit du côté du droit ou de l’émotion, difficile de rester indifférent. La voix de Mira a été entendue. Mais pour l’instant, la justice béninoise, elle, reste droite dans ses bottes.




