À moins de deux semaines des Championnats du monde de gymnastique artistique, l’Indonésie a pris une décision lourde de sens : les six athlètes israéliens attendus à Jakarta du 19 au 25 octobre ne pourront pas y participer. Leurs visas ont été révoqués, a confirmé ce jeudi 9 octobre le ministère indonésien des Affaires juridiques et des Droits humains. « Le gouvernement indonésien a une politique claire : aucun contact avec Israël tant que ce pays ne reconnaît pas une Palestine libre et souveraine », a déclaré le ministre Yusril Ihza Mahendra, en conférence de presse.
L’Indonésie, pays le plus peuplé du monde musulman, ne reconnaît pas l’État d’Israël et n’entretient aucune relation diplomatique officielle avec ce dernier. Le soutien à la cause palestinienne y est largement partagé, tant au sein du gouvernement que dans l’opinion publique.
Selon les médias israéliens, six athlètes israéliens étaient attendus à Jakarta pour cette compétition internationale qui réunit plus de 500 gymnastes. Mais le ministère de l’Immigration, par la voix d’Agus Andrianto, a confirmé que les visas initialement délivrés ont été annulés à la demande de la Fédération indonésienne de gymnastique, organisatrice de l’événement. « Le processus de délivrance des visas a été transparent, conforme à la réglementation. Leur révocation est le fruit d’une démarche officielle de la fédération nationale », a précisé Agus Andrianto au média local Kompas.com, avant de confirmer la mesure à l’AFP sans plus de détails.
Ce n’est pas la première fois que la position diplomatique de l’Indonésie impacte l’organisation d’événements sportifs. En 2023, les Jeux mondiaux de plage, prévus à Bali, avaient été annulés à la dernière minute. Officiellement pour des raisons budgétaires, mais des sources locales pointaient déjà le refus du gouverneur de Bali d’accueillir une délégation israélienne.
Quelques mois plus tôt, la FIFA avait retiré à l’Indonésie l’organisation de la Coupe du monde U20, après que deux gouverneurs provinciaux s’étaient publiquement opposés à la venue de l’équipe israélienne.
Cette nouvelle décision, bien que cohérente avec la ligne diplomatique du gouvernement, pourrait raviver les tensions entre sport et géopolitique. Elle interroge sur la capacité de l’Indonésie à accueillir des compétitions internationales multilatérales sans ingérence politique, un point déjà soulevé par certaines fédérations sportives internationales.
Le Comité international de gymnastique ne s’est pas encore exprimé officiellement sur l’exclusion des athlètes israéliens. L’organisation de l’événement à Jakarta, qui accueille pour la première fois cette compétition majeure, pourrait être fragilisée si la situation venait à susciter des appels au boycott ou à la reprogrammation du championnat.




