Face à une tuberculose toujours active sur son territoire, le Sénégal vient de marquer un tournant décisif. Pour la première fois dans le pays, le génome complet du bacille responsable de la maladie, Mycobacterium tuberculosis, a été entièrement séquencé. Cette avancée est le fruit du travail des laboratoires de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef), sous la direction du professeur Souleymane Mboup.
Réalisée à Diamniadio dans le cadre d’une étude sur la pharmaco-résistance menée en collaboration avec le Programme national de lutte contre la tuberculose (PNT), cette prouesse ouvre de nouvelles perspectives. Grâce à cette cartographie génétique, les scientifiques peuvent désormais détecter avec précision les mutations du bacille à l’origine de la résistance aux antibiotiques.
Concrètement, cela signifie que les traitements pourront être adaptés à chaque patient, en tenant compte du profil génétique de la souche infectieuse. Une approche qui réduit les erreurs de prescription, freine la propagation des formes multi-résistantes et améliore significativement les chances de guérison.

La tuberculose reste une maladie meurtrière : elle infecte environ 1,7 milliard de personnes dans le monde, causant plus d’un million de décès par an. Les femmes et les jeunes en sont les premières victimes. Au Sénégal, les conditions de vie difficiles et le manque de diagnostic précoce alimentent encore la propagation du bacille, notamment sous sa forme pulmonaire, la seule réellement contagieuse.
Conscient de l’urgence, l’État sénégalais a consacré 200 millions de francs CFA à la lutte contre cette maladie. Un investissement qui a permis de garantir un accès gratuit aux traitements, contribuant ainsi à briser le tabou social qui entoure encore la tuberculose dans de nombreuses communautés.




