Le parquet de Paris a requis, ce mercredi 4 juin, des peines allant jusqu’à quatre mois de prison ferme et quatre mois avec sursis contre treize personnes issues de la mouvance identitaire, accusées d’avoir mené une campagne raciste contre Aya Nakamura. Leur objectif : empêcher la chanteuse de participer à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. Seuls trois prévenus ont comparu devant le tribunal correctionnel, dont Capucine C., ancienne assistante parlementaire au Rassemblement national. La star franco-malienne, elle, était absente.
La procureure a dénoncé une action délibérément raciste : les accusés auraient tenté d’exclure Aya Nakamura « uniquement en raison de ses origines maliennes ». Elle a également fustigé une « rhétorique haineuse » et exigé des peines exemplaires face à la gravité des faits. Les mis en cause, âgés de 20 à 31 ans, sont poursuivis pour provocation publique à la haine et complicité, après la publication le 9 mars 2024 d’une banderole à connotation raciste : « Y a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako », référence explicite à la chanson « Djadja » et aux origines maliennes de la chanteuse. Le message, posté sur l’île Saint-Louis à Paris, a été vu plus de 4,5 millions de fois sur les réseaux sociaux.
Derrière cette campagne se trouve le groupuscule « Les Natifs », héritier de Génération identitaire, dissous en 2021. Défenseur de la théorie du « grand remplacement », ce groupe d’extrême droite se dit en lutte contre la « dissolution de la culture française ». Leur porte-parole, Stanislas T., 24 ans, a refusé de répondre aux questions du tribunal, arguant de la liberté d’expression et de l’indépendance de la justice. Les avocats des accusés ont plaidé la relaxe, affirmant qu’il s’agissait d’une action politique. Mais pour la procureure, « les faits sont clairs et doivent être sanctionnés avec fermeté ».
Aya Nakamura, 30 ans, l’artiste francophone la plus écoutée au monde, avait porté plainte le 20 mars, après avoir été visée par ces attaques. Sa prestation lors de l’ouverture des JO, sur le Pont des Arts avec la Garde républicaine, reste un moment marquant de l’événement. Le verdict sera rendu le 17 septembre prochain.




