Malgré une légère amélioration attendue du déficit budgétaire en 2025, la Tunisie reste confrontée à une crise financière prolongée. Le gouvernement anticipe un déficit de 5,5 % du PIB cette année, en baisse par rapport aux 6,3 % enregistrés en 2024. Cette réduction s’explique principalement par une politique fiscale ciblée, qui augmente les impôts sur les grandes entreprises et les hauts revenus, tout en épargnant les contribuables modestes.
Mais cette embellie reste relative. La dette publique, bien qu’en recul, devrait encore représenter 80,5 % du PIB fin 2025, contre 82,2 % l’année précédente. Le projet de budget 2025 prévoit des dépenses de 59,8 milliards de dinars pour seulement 50 milliards de recettes, soit un déficit d’environ 9,8 milliards. Les sociétés dont le chiffre d’affaires dépasse 20 millions de dinars sont désormais imposées à hauteur de 25 %.
Le recours massif au financement intérieur, notamment via la Banque centrale, alimente des tensions sur le système bancaire local. Les banques, sollicitées pour combler le déficit, peinent à soutenir le secteur privé. Côté croissance, les prévisions divergent : l’État table sur un rebond de 3,2 % en 2025, tandis que la Banque mondiale se montre plus réservée, avec une estimation de 1,9 %, signalant une reprise encore fragile.
Les discussions avec le FMI, suspendues depuis octobre 2023, restent au point mort. Sans accord, Tunis peine à mobiliser des financements extérieurs, d’autant que sa note souveraine, maintenue à « Caa1 » avec une perspective stable, limite l’accès aux marchés internationaux.
En dépit d’un effort budgétaire réel, la Tunisie devra encore surmonter de nombreux obstacles avant d’atteindre une stabilité économique durable : réformes profondes, regain de confiance des investisseurs et appui financier international restent indispensables.