Face au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, la rapporteure spéciale Francesca Albanese a dressé un tableau accablant de la situation à Gaza. Elle y dénonce une campagne de destruction systématique menée par Israël, qu’elle accuse d’être responsable de « l’un des génocides les plus cruels de l’histoire moderne ».
« La situation dans les territoires palestiniens occupés est apocalyptique », a-t-elle déclaré, en présentant son rapport ce jeudi 3 juillet à Genève. Selon elle, les civils palestiniens vivent un enfer alimenté par une stratégie militaire meurtrière, une économie de guerre florissante et l’inaction de la communauté internationale.
Le rapport pointe un bilan humain effroyable : plus de 200 000 Palestiniens tués ou blessés depuis octobre 2023, selon les chiffres officiels. Mais la rapporteure alerte : le chiffre réel serait bien plus élevé, les structures médicales étant incapables de documenter l’ensemble des victimes. Elle dénonce également la « Fondation humanitaire à Gaza », mécanisme mis en place par Israël pour gérer l’aide humanitaire, qu’elle qualifie de « piège mortel » conçu pour affamer ou faire fuir une population « bombardée, affaiblie et condamnée à disparaître ».
Au-delà des aspects militaires, Francesca Albanese décrit un système économique cynique où la guerre devient une opportunité commerciale. En vingt mois de conflit, les entreprises d’armement ont vu leurs profits exploser. « Israël a largué 85 000 tonnes d’explosifs sur Gaza, soit six fois la puissance d’Hiroshima », souligne-t-elle. La Bourse de Tel-Aviv aurait, selon son rapport, bondi de 213 % depuis le début de la guerre.
Pour Albanese, Gaza sert de laboratoire militaire grandeur nature. L’armée israélienne y testerait drones, systèmes de surveillance et nouvelles technologies de guerre, souvent développées en partenariat avec des entreprises technologiques ou des institutions académiques.
La rapporteure de l’ONU accuse 48 acteurs économiques banques, fabricants d’armes, compagnies d’assurance, groupes énergétiques et plateformes touristiques de soutenir directement ou indirectement les politiques israéliennes d’occupation et de colonisation. Elle appelle à une rupture totale avec cette « économie de l’occupation » : arrêt des échanges commerciaux, embargo sur les armes, suspension des investissements. Elle rappelle que même un lien ténu avec ce système implique une responsabilité juridique au regard du droit international.
Dans ses recommandations, Francesca Albanese exhorte les États à prendre des mesures fortes : « Il est temps d’imposer un embargo militaire total, de suspendre tous les accords commerciaux avec Israël et de tenir les entités impliquées responsables devant la justice. »
Elle appelle également les entreprises à se retirer immédiatement de toute activité susceptible de contribuer aux violations des droits humains. Enfin, elle s’adresse directement à la société civile. « La suite dépend de nous tous. Il faut mobiliser les syndicats, les avocats, les ONG, les citoyens. Il faut exiger des sanctions, des désinvestissements, des poursuites. »