L’école ivoirienne s’apprête à tourner une page majeure de son histoire éducative. Le gouvernement a lancé un vaste plan d’enseignement bilingue, intégrant le dioula, langue parlée par des millions de citoyens, aux côtés du français, langue officielle héritée de la colonisation.
À Diénédian, village niché dans le centre-ouest du pays, les salles de classe ont pris un nouveau souffle : les enfants y apprennent désormais à lire, compter et réfléchir en dioula et en français. Un virage stratégique dans un pays où près de la moitié des adultes ne savent ni lire ni écrire.
Le programme baptisé Élan fait déjà ses preuves : 37 écoles pilotes l’expérimentent avec succès, et l’État ivoirien compte porter ce nombre à 370 d’ici 2027. L’initiative vise à briser une barrière invisible mais tenace : celle d’un système éducatif où les enfants sont confrontés à une langue qu’ils ne parlent pas chez eux.
Car quand l’école parle une langue étrangère, l’échec scolaire guette. À l’inverse, apprendre dans sa langue maternelle crée un pont direct entre le savoir et la vie quotidienne. Le dioula n’est pas seul à l’honneur : six autres langues locales figurent dans le programme Élan, avec l’ambition d’en intégrer davantage dans un pays riche de 63 langues vivantes.
Inspirée par les expériences du Burkina Faso, du Mali et du Niger, la Côte d’Ivoire trace sa propre voie. Une voie où les langues locales cessent d’être marginalisées pour devenir des leviers puissants de réussite scolaire.