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Mauritanie : les Sénégalais lèvent le voile sur un racisme quotidien devenu insupportable.

Pendant des années, ils ont encaissé sans mot dire. Mais en ce mois de juillet 2025, la coupe a débordé. La communauté sénégalaise vivant en Mauritanie a suspendu toutes ses activités pour exprimer publiquement un mal-être trop longtemps ignoré : celui d’un racisme quotidien, sournois, parfois brutal, qui marque les corps et les esprits.

Les mots sont désormais posés sur une réalité amère. Des hommes et des femmes dénoncent les contrôles policiers ciblés, les arrestations arbitraires, les expulsions silencieuses. Beaucoup disent avoir été humiliés, interpellés en pleine rue ou sur leur lieu de travail, sans autre motif que leur apparence ou leur nom.

Certains ont été conduits dans des centres de rétention sans explication claire. D’autres expulsés sans pouvoir alerter leurs proches. Le simple fait de circuler, de travailler ou de vivre normalement est devenu un risque quotidien pour ces Sénégalais, pourtant présents depuis des décennies sur le sol mauritanien.

L’appel à la mobilisation est venu de la Fédération des associations et groupements des Sénégalais en Mauritanie (Fagsem). Le 16 juillet, ses responsables ont lancé un mouvement de grève de deux jours. Objectif : alerter, réveiller les consciences, et refuser que l’humiliation continue dans l’indifférence.

Oumar Ndaw, vice-président de la Fagsem, a pris la parole pour dénoncer la pression policière devenue insupportable. Il décrit un climat où les descentes inopinées se multiplient, où l’on exige à tout moment des papiers d’identité, comme si être noir suffisait à vous rendre suspect.

Ce cri collectif s’inscrit dans une histoire plus large. À la fin des années 1980, des milliers de Noirs, parmi eux de nombreux Sénégalais, avaient été expulsés de Mauritanie dans des conditions brutales. Ce traumatisme collectif n’a jamais été vraiment réparé. Aujourd’hui, les méthodes changent, mais l’exclusion persiste. Elle est plus subtile, mais tout aussi violente.

Le silence des autorités mauritaniennes n’a fait qu’envenimer la situation. En refusant de réagir, elles ont laissé s’installer un climat de peur et de défiance. Pour la Fagsem, il ne s’agit plus seulement de dénoncer des faits isolés, mais de poser une question essentielle : peut-on continuer à être traités en étrangers indésirables dans un pays où l’on vit, travaille et contribue à l’économie depuis des générations ?

Le geste fort de cette grève symbolique marque un tournant. Ce n’est pas seulement un mouvement de colère. C’est un appel à la reconnaissance, un rappel que la dignité ne dépend pas d’un document administratif. La communauté sénégalaise en Mauritanie veut désormais être entendue, respectée et traitée comme elle le mérite.

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