Le nord du Mozambique fait face à une nouvelle flambée de violence. En seulement deux semaines, près de 60 000 personnes ont été forcées de fuir leur foyer à la suite d’attaques attribuées à des groupes armés islamistes dans la province de Cabo Delgado, selon les agences des Nations Unies.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué que 57 034 personnes, soit plus de 13 000 familles, ont été déplacées depuis le 20 juillet. Le district de Chiure concentre à lui seul plus de 42 000 déplacés, dont une majorité d’enfants.
De son côté, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) alerte sur l’impact de ces violences dans les districts de Chiure, Ancuabe et Muidumbe, où plus de 46 000 personnes ont dû quitter leurs habitations entre le 20 et le 28 juillet. L’insécurité persistante entrave non seulement la liberté de mouvement des populations, mais complique aussi leur accès aux services de base et à l’aide humanitaire, en raison notamment de l’absence de documents d’identité.
Selon Paola Emerson, coordinatrice humanitaire de l’ONU au Mozambique, la réponse actuelle reste largement insuffisante face à l’ampleur des besoins. Seules 30 000 personnes déplacées ont reçu une assistance de base (nourriture, eau, abris) en raison d’un grave déficit de financement. Le Plan de réponse humanitaire 2025 du pays n’a reçu que 19 % des fonds nécessaires, une situation aggravée par la réduction des contributions de bailleurs traditionnels comme les États-Unis.
Cette nouvelle vague d’attaques ravive une insurrection islamiste qui secoue la région depuis 2017, faisant plus de 6 100 morts et un million de déplacés. Le groupe armé localement désigné Al-Shabab (sans lien avec son homonyme somalien) est régulièrement accusé d’exactions contre les civils, notamment d’enlèvements d’enfants.
L’instabilité continue de menacer des projets économiques majeurs, à l’image du méga-projet de gaz naturel liquéfié de TotalEnergies, évalué à 20 milliards de dollars, toujours à l’arrêt depuis 2021.
