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Tunisie : Saber Ben Chouchane libéré après une condamnation à mort pour des posts Facebook jugés offensants.

Condamné à mort pour des posts Facebook jugés offensants envers le président Kais Saied, Saber Ben Chouchane, un père de famille de 51 ans, a été libéré lundi soir sans explication officielle, provoquant de vives réactions dans le pays.

L’affaire avait choqué l’opinion publique tunisienne. Une semaine après avoir été condamné à la peine capitale par le tribunal de Nabeul, Saber Ben Chouchane est désormais libre. C’est son avocat, Me Oussama Bouthelja, qui a confirmé l’information ce mardi 7 octobre à l’AFP, précisant avoir été alerté dans la nuit par la famille du détenu, désormais rentré chez lui.

Arrêté en janvier 2024, Ben Chouchane avait été accusé d’avoir partagé sur Facebook des publications considérées comme portant atteinte à la présidence de la République, à la ministre de la Justice et à l’institution judiciaire.

« Je n’y ai d’abord pas cru. Puis j’ai été choqué, stupéfait, sidéré », a confié Me Bouthelja, encore sous le coup de la surprise. Il indique qu’une demande d’appel avait été déposée le vendredi précédent, mais ignore pour l’instant les raisons précises de la libération de son client.

La condamnation de Saber Ben Chouchane à la peine de mort a été largement dénoncée par les défenseurs des droits humains. Le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) a qualifié la décision judiciaire de « bévue monumentale » contre un citoyen présenté comme « un simple père de trois enfants ».

Malgré l’existence d’un moratoire non officiel sur les exécutions en Tunisie depuis 1991, la justice continue à prononcer des condamnations à mort, principalement dans des affaires liées au terrorisme. L’affaire Ben Chouchane marque cependant un tournant : c’est la première fois qu’un citoyen est condamné à une telle peine pour des propos publiés sur les réseaux sociaux.

Depuis la concentration des pouvoirs par le président Kais Saied en juillet 2021, les critiques se multiplient sur l’état de la démocratie en Tunisie. Avocats, journalistes, opposants et militants associatifs ont été visés par des poursuites, notamment sur la base du controversé décret 54, relatif aux fausses informations, ou encore via la législation antiterroriste.

La libération inattendue de Saber Ben Chouchane est perçue par certains comme un recul stratégique du pouvoir face à la pression nationale et internationale. Mais elle ne lève pas les inquiétudes concernant l’état de droit dans le pays.

Aucune déclaration officielle n’a encore été faite par les autorités judiciaires, et son avocat attend toujours des précisions sur les raisons juridiques de sa remise en liberté.

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