C’est un tournant inattendu dans la politique migratoire de l’Ukraine en guerre. Pour la première fois depuis le début de l’invasion russe en février 2022, les autorités ukrainiennes ont décidé de lever partiellement l’interdiction de sortie du territoire pour les jeunes hommes. Désormais, les citoyens âgés de 18 à 22 ans peuvent franchir librement les frontières, même sous la loi martiale.
L’annonce a été faite ce mardi 26 août 2025 par la Première ministre Ioulia Svyrydenko, via un message publié sur Telegram. « Les hommes âgés de 18 à 22 ans pourront franchir la frontière sans entrave pendant la loi martiale », a-t-elle déclaré. Une mesure inédite dans un pays où, jusqu’à présent, les hommes entre 18 et 60 ans étaient tenus de rester pour contribuer à l’effort de guerre, sauf dérogations précises.
Cet assouplissement ne tombe pas du ciel. Il répond à une réalité démographique et sociale : les jeunes de 18 à 22 ans ne sont pas concernés par la conscription militaire, depuis que l’âge minimal pour être mobilisé a été abaissé à 25 ans en avril 2024.
L’armée ukrainienne avait pourtant tenté d’attirer cette tranche d’âge via des contrats volontaires accompagnés d’avantages financiers. Mais la formule n’a pas rencontré le succès escompté. Beaucoup de jeunes préfèrent poursuivre leurs études ou s’installer temporairement à l’étranger, loin des zones de conflit.
Autre nouveauté : la mesure s’applique également à ceux déjà installés à l’étranger. Ces jeunes citoyens pourront revenir en Ukraine sans craindre de se retrouver bloqués au pays. L’objectif, selon la cheffe du gouvernement, est de préserver les liens entre l’Ukraine et sa jeunesse, même en exil : « Nous voulons que les Ukrainiens maintiennent autant que possible leurs liens avec l’Ukraine. »
Depuis le début de l’invasion, plus de 5,6 millions d’Ukrainiens ont trouvé refuge à l’étranger, principalement en Europe, selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). En décembre 2024, la France accueillait 114 130 réfugiés ukrainiens, un chiffre comparable à celui de l’Irlande (113 720).
Pour donner une idée de l’échelle, les réfugiés ukrainiens en Pologne représentaient alors plus de 4 % de la population ukrainienne d’avant-guerre, contre seulement 0,25 % en France.
