Depuis la décriminalisation du cannabis en 2018 et la légalisation de son usage privé et médical en 2024, l’industrie du cannabis en Afrique du Sud connaît un essor constant. À partir de 2025, l’État commencera à délivrer un certificat d’études supérieures pour les métiers liés au cannabis. Cette formation se déroulera à la Cheeba Academy, où une trentaine d’étudiants bénéficieront d’un programme complet d’une durée d’un an, afin de se lancer dans cette industrie en plein boom.
La formation proposée par la Cheeba Academy inclut des modules sur l’économie, le management, la plantation, l’extraction et le marketing, couvrant tous les aspects nécessaires pour réussir dans le secteur du cannabis. Koketso Mothlamme, ancien étudiant devenu professeur à l’académie, supervisera notamment la formation pratique sur la culture du cannabis. Il explique : « Ici, nous apprenons à ajuster la lumière selon les différentes phases de croissance des plantes. C’est une culture photosensible qui demande une grande précision. »
Linda Siboto, co-fondatrice de l’académie, raconte que plus de 100 candidatures ont été reçues, mais seulement 30 étudiants seront sélectionnés pour cette première promotion. « Ce sera un moment historique pour l’Afrique, car ces étudiants deviendront les premiers à recevoir une formation supérieure reconnue sur le cannabis », précise-t-elle.
Après quatre ans de démarches administratives et de lutte pour faire reconnaître cette formation, le programme débutera en mars 2025. L’objectif est de préparer les étudiants à entrer dans un marché en pleine expansion, promettant de créer des milliers d’emplois.
L’industrie du cannabis est perçue comme une opportunité pour réduire le chômage chez les jeunes en Afrique du Sud, avec des prévisions de création de 130 000 emplois, selon le président Cyril Ramaphosa. Cependant, l’accès à cette formation reste limité, avec un coût de 4 000€ pour l’année et des bourses peu accessibles. De plus, les licences nécessaires pour cultiver du cannabis sont également coûteuses.
Dans les régions rurales, où le cannabis est cultivé depuis des générations de manière traditionnelle et à usage privé, une crainte de disparition des méthodes ancestrales se fait sentir. Bonke Mfanekiso, cultivateur dans le sud du pays, explique : « Avant la légalisation, nous cultivions le cannabis pour vivre, pour nourrir nos enfants et construire nos maisons. Maintenant, avec la concurrence des entreprises modernes, nous ne gagnons plus d’argent. Nous espérons que les étudiants formés viendront travailler avec nous dans les campagnes et nous apprendront ce qu’ils ont appris à Johannesburg. »
Cette initiative soulève donc la question de l’inclusion des cultivateurs traditionnels dans ce secteur en plein développement, avec l’espoir que tous puissent collaborer pour faire de l’industrie du cannabis en Afrique du Sud un modèle de réussite partagée.