La commission d’enquête parlementaire sur les violences sexuelles dans les établissements religieux a ravivé une affaire longtemps étouffée : celle du collège catholique Saint-Jean de Pélussin, dans la Loire. Au cœur des interrogations, l’inaction de François Bayrou, alors ministre de l’Éducation nationale, face à des alertes répétées de deux enseignantes dès 1995.
Dans son rapport publié mercredi 2 juillet, la commission présidée par les députés Paul Vannier (LFI) et Violette Spillebout (Renaissance) consacre deux pages à cette affaire. Les professeures Élisa Beyssac-Vinay et Marie-Dominique Chavas avaient dénoncé des abus dans l’établissement dirigé par les frères maristes, en vain. Malgré leurs courriers au ministère, dont un en juin 1996 alertant explicitement que « des enfants sont en danger », elles n’ont reçu aucune réponse de Bayrou.
Le directeur de l’internat, Jean Vernet, a été condamné pour des agressions sexuelles sur une trentaine d’élèves. À l’époque, aucun des adultes visés par les témoignages ne fut suspendu. Pire : certains ont poursuivi leur carrière jusqu’à la retraite. L’infirmerie de l’établissement, tenue par Vernet sans qualification médicale, servait selon plusieurs témoignages à couvrir des agressions.
Le rapport parlementaire critique le silence du ministère, l’absence d’enquête administrative et l’ostracisation des enseignantes lanceuses d’alerte. Il établit un parallèle frappant avec le scandale plus récent de Bétharram, révélant des mécanismes similaires de dissimulation.
Alors que les anciennes victimes reprennent la parole, le nom de Bayrou, déjà fragilisé par d’autres polémiques, revient au centre des critiques. S’il n’a pas réagi publiquement, sa porte-parole a indiqué que le ministre avait été entendu par la commission et qu’il avait fourni des explications.
Pour les deux enseignantes, désormais reconnues comme pionnières dans la lutte contre les violences sexuelles en milieu scolaire, ce retour de l’affaire Pélussin est une forme de réparation tardive.




