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Sommet de Lomé : l’Afrique exige l’annulation ciblée de la dette et une réforme du système mondial

Réunis du 12 au 14 mai 2025 à Lomé (Togo), les dirigeants africains ont lancé un appel clair et inédit : l’heure est venue de réécrire les règles du jeu financier mondial. Face à une dette publique qui étouffe les économies 1.130 milliards de dollars en 2024 contre 436 milliards en 2010, les chefs d’État veulent rompre avec la dépendance et réclament des annulations ciblées, une transparence totale et une réforme profonde du système international.

Selon les chiffres, 25 pays africains sont aujourd’hui en situation de surendettement ou en grand danger selon le FMI et la Banque mondiale. 160 milliards $ ont été engloutis en 2024 rien que pour le remboursement de la dette. À titre de comparaison, c’est plus que les budgets combinés de la santé et de l’éducation sur le continent. Pour Patrick Ndzana Olomo de l’Union africaine, les deux tiers des ressources publiques servent à payer des intérêts.

Dans une prise de parole stratégique, le président togolais Faure Gnassingbé a donné le ton. Plutôt que fuir la dette, il propose de la transformer en levier de croissance, en la canalisant vers des secteurs productifs comme l’agriculture ou l’énergie. Il plaide aussi pour une alliance africaine unie face aux créanciers (FMI, Chine, Club de Paris) et la refonte d’un système jugé « anti-africain ».

La déclaration de Lomé ne s’arrête pas à des promesses. Elle propose :

  • Des annulations « au cas par cas » pour les pays les plus fragiles (Zambie, Soudan du Sud…),

  • Un audit global des dettes pour détecter les prêts « illégitimes », souvent entachés de corruption ou sans impact réel,

  • La fin des flux financiers illicites, estimés à 90 milliards $ perdus chaque année,

  • Une transparence accrue dans les emprunts et le renforcement des institutions de contrôle,

Pour Georges Essowè Barcola, ministre togolais des Finances, l’Afrique doit parler d’une seule voix. Objectif : établir une position commune d’ici fin 2025, faire pression sur le G20, et réclamer une place dans les réformes financières globales.

Alors que l’Afrique ne représente que 3 % du PIB mondial, elle supporte pourtant 20 % de la dette planétaire. Le sommet de Lomé marque un tournant : la dette ne doit plus être une arme de domination. Les États africains veulent reprendre le contrôle, miser sur la transparence, la justice financière et l’investissement humain.

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