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Algérie :Boualem Sansal et Christophe Gleizes exclus de la grâce présidentielle, sur fond de tensions avec la France.

La grâce présidentielle accordée ce 5 juillet par le président algérien Abdelmadjid Tebboune à l’occasion du 63ᵉ anniversaire de l’Indépendance ne bénéficiera ni à l’écrivain Boualem Sansal ni au journaliste français Christophe Gleizes. Tous deux figurent parmi les détenus écartés de cette mesure exceptionnelle qui concerne pourtant près de 7000 prisonniers.

Dans un communiqué officiel, la Présidence a précisé que cette grâce ne s’applique pas aux personnes condamnées pour des faits liés à l’unité nationale, au terrorisme, à la sécurité de l’État ou encore à la diffusion de fausses informations nuisant à l’ordre public. Autant d’accusations qui visent directement les deux hommes.

Boualem Sansal, romancier franco-algérien, a récemment vu sa condamnation à cinq ans de prison ferme confirmée par la cour d’Alger. Il lui est reproché des propos tenus sur une chaîne française dans lesquels il évoquait une « appartenance historique » de l’ouest algérien au Maroc, avant la colonisation. Des déclarations jugées comme une atteinte à l’unité nationale.

Quant au journaliste Christophe Gleizes, contributeur pour le magazine So Foot, il a été condamné à sept ans de prison ferme pour apologie du terrorisme et détention de documents de propagande. Après 13 mois de contrôle judiciaire, sa peine a été prononcée en première instance. Contrairement à Sansal, Gleizes peut encore faire appel.

Ces deux affaires s’inscrivent dans un contexte diplomatique particulièrement tendu entre l’Algérie et la France. Depuis l’été 2024, les relations se sont envenimées à la suite de la reconnaissance officielle par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Alger a immédiatement retiré son ambassadeur et annulé la visite prévue du président Tebboune à Paris en septembre.

Le dialogue politique est aujourd’hui quasi gelé. Si les échanges économiques persistent, les discussions diplomatiques sont dans l’impasse. La situation s’est encore durcie autour de la politique migratoire française, qui tente en vain d’expulser certains ressortissants algériens, bloquée par le refus d’Alger d’émettre les laissez-passer consulaires.

Dans une récente déclaration, Abdelmadjid Tebboune a regretté l’absence de progrès : « Nous avions beaucoup d’espoirs de dépasser le contentieux mémoriel, mais plus rien n’avance si ce n’est les relations commerciales. »

Le chef de l’État a même évoqué le risque d’une rupture irréversible, déplorant des « déclarations hostiles quotidiennes » venues de la classe politique française et jugeant son dialogue avec Emmanuel Macron comme « une perte de temps ».

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