Une manifestation organisée par des partis politiques et des organisations civiles a été violemment réprimée samedi 3 mai à Bamako. À l’appel de l’Initiative des partis politiques pour la charte (Ipac), plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés devant le Palais de la Culture pour dénoncer la volonté des autorités de transition de dissoudre les partis politiques et d’abroger la charte qui les encadre. La police, fortement déployée, a dispersé la foule à coups de gaz lacrymogène.
Cette mobilisation s’inscrivait dans un contexte de tensions croissantes depuis les recommandations controversées issues des « Forces vives de la nation ». Réunies fin avril à Bamako, ces forces ont proposé d’installer le général Assimi Goïta comme président de la République pour un mandat renouvelable de cinq ans, de dissoudre l’ensemble des partis politiques et de suspendre toute activité électorale jusqu’à nouvel ordre.
Parmi les mesures proposées figure l’instauration d’une caution de 100 millions de francs CFA (environ 170 000 dollars) pour créer un parti politique, l’obligation de représentations régionales significatives, la suppression du financement public et du statut de chef de file de l’opposition. Les chefs coutumiers, religieux et représentants de la société civile seraient désormais interdits de participation électorale.
La classe politique y voit une dérive autoritaire et une tentative de verrouillage du paysage politique malien. En s’attaquant à la pluralité et à la liberté d’expression, les recommandations adoptées menacent les fondements démocratiques du pays. Les manifestants, eux, réclament le respect de la Constitution et un retour à un ordre civil.