Et si la loi s’invitait dans nos relations amoureuses ? C’est l’idée audacieuse lancée par le député béninois Armand Gansè, qui propose de limiter légalement la durée des fiançailles pour protéger les femmes victimes de promesses non tenues. En quelques heures, son message publié sur Facebook a enflammé les débats, entre applaudissements enthousiastes et critiques virulentes.
Dans son post, l’élu de la 23ᵉ circonscription dénonce les relations longues et incertaines qui laissent nombre de femmes « emprisonnées dans l’attente d’un mariage qui ne vient jamais ». Il estime que le moment est venu de poser un cadre légal clair, afin d’éviter que des engagements amoureux ne deviennent des pièges émotionnels. Nombre d’internautes saluent l’initiative. Pour eux, la proposition vise à restaurer la dignité des femmes. « Les cœurs des femmes sont malmenés par des hommes inconstants », écrit Gislaine Nadjo. D’autres, comme Verdugo Wékoun, y voient une mesure de protection et de responsabilisation dans un environnement où les engagements sont souvent flous.
Certains proposent même d’élargir la réflexion. Eric Deguenon appelle à protéger aussi les hommes : « Beaucoup donnent tout dans une relation pour être ensuite trahis ». L’idée d’un cadre légal bilatéral fait donc son chemin, au nom d’une égalité devant l’engagement amoureux. Mais pour d’autres, la proposition est tout simplement inappropriée. Léopold Changodélé ironise sur la hiérarchisation des priorités législatives, appelant plutôt à se pencher sur l’embauche des jeunes. L’activiste Kimber McDonald rappelle que le mariage est un acte libre, et qu’on ne peut pas forcer un sentiment. Des voix s’élèvent aussi pour dénoncer les risques juridiques. « Les fiançailles sont une promesse, pas un contrat. L’amour évolue. Le figer par la loi risque de produire des mariages forcés et donc plus de divorces », avertit Modeste Akadjame.
En toile de fond, ce débat révèle les tensions entre tradition et modernité, entre morale et droit, entre protection et liberté. Il interroge la place du législateur dans la sphère intime, mais aussi la souffrance réelle de nombreuses femmes, qui attendent des années un mariage qui ne vient jamais. Pour certains, l’urgence est ailleurs : chômage, entrepreneuriat, dot excessive. D’autres estiment qu’il faut oser repenser les normes sentimentales, car la souffrance morale peut aussi être une injustice sociale.
Au final, qu’on y voie une dérive de la loi ou une avancée, le débat lancé par Armand Gansè a le mérite de bousculer les consciences et de poser une question rarement abordée par les politiques : jusqu’où le droit peut-il (ou doit-il) encadrer les promesses d’amour ?