Un instituteur béninois, aspirant au métier d’enseignant (AME), est au cœur d’un scandale financier impliquant un présumé détournement de plus de 33 millions de francs CFA à la Poste du Bénin. Il est poursuivi pour vol et blanchiment de capitaux par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Le ministère public a requis une peine de 7 ans de prison ferme et 10 millions de francs CFA d’amende.
Le prévenu, identifié par les initiales K.M.J., avait ouvert un compte chèque postal (CCP) auprès de la Poste du Bénin pour recevoir son salaire. Selon l’accusation, il aurait découvert une défaillance technique dans le système informatique de la Poste, qu’il aurait exploitée pour soustraire frauduleusement plus de 33 millions FCFA, transférés ensuite vers son compte Mobile Money.
Les faits auraient été commis avant son arrestation le 2 avril 2024, à la suite d’une alerte des agents de la police républicaine, déclenchée par une enquête interne de la Poste.
Lors de l’audience du lundi 26 mai 2025, le troisième substitut du procureur spécial a estimé que les preuves réunies suffisent à établir la culpabilité du prévenu. Il a donc requis la condamnation de l’instituteur à sept ans de prison ferme, assortie d’une amende de 10 millions FCFA.
La Poste du Bénin, représentée par ses avocats, réclame quant à elle 40 millions FCFA de dommages et intérêts, pour compenser le préjudice subi.
Du côté de la défense, l’un des avocats a contesté la solidité du dossier. Il remet en cause le rapport du Centre national d’identification numérique (CNIN), affirmant que celui-ci n’est pas contradictoire et ne prouve pas formellement que le prévenu est à l’origine de la manipulation des données. « On ne sait pas si c’est lui-même qui a manipulé ces données », a souligné l’avocat, en appelant la Cour à ne pas suivre les réquisitions du parquet.
Ce dossier, au-delà du cas individuel, met en lumière les failles de sécurité persistantes dans les systèmes de paiement des établissements publics. Il interroge aussi sur les mécanismes de contrôle interne et de cybersécurité au sein d’institutions sensibles comme la Poste du Bénin.
Le verdict de la CRIET est attendu dans les prochaines semaines.