À peine le gouvernement Bayrou renversé, la France insoumise rebondit et monte d’un cran. Ce mardi 9 septembre 2025, le groupe LFI à l’Assemblée nationale a déposé une nouvelle proposition de résolution pour engager une procédure de destitution contre Emmanuel Macron. Une démarche spectaculaire, mais à ce stade presque sans issue.
Dans le texte déposé, les députés insoumis soutenus par quelques élus écologistes et communistes s’en prennent directement au chef de l’État. Ils dénoncent un président « obstiné à refuser de respecter le suffrage universel » et appellent à une rupture politique nette après la chute du gouvernement dirigé par François Bayrou.
La cheffe de file du groupe LFI, Mathilde Panot, a défendu cette initiative devant la presse en rappelant que « deux tiers des parlementaires ont rejeté la politique macroniste hier ». Elle estime donc que ce même rapport de force pourrait, en théorie, ouvrir la voie à une destitution. « Il faut deux tiers des parlementaires pour valider une motion de destitution », souligne-t-elle, en évoquant les voix critiques à droite, de plus en plus nombreuses à remettre en cause la légitimité d’Emmanuel Macron.
Mais le chemin institutionnel est presque impraticable. La Constitution exige une majorité des deux tiers dans chaque chambre du Parlement, puis un vote en Haute Cour réunissant l’ensemble des parlementaires. Dans la configuration actuelle, impossible d’atteindre ce seuil.
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, ne s’en cache pas : « Tout le monde sait que cette motion n’a qu’un but : envoyer un message politique. Il est clair qu’elle n’aboutira pas. »
Ce n’est pas la première fois que LFI tente cette stratégie. En septembre 2024, peu après la dissolution de l’Assemblée et la nomination contestée d’un Premier ministre hors du Nouveau Front populaire, une première tentative de destitution avait déjà été lancée. Le texte avait été jugé recevable, mais rejeté en commission. Il n’avait même pas atteint l’hémicycle, écarté par la conférence des présidents. À l’époque, seuls les groupes de gauche soutenaient la démarche ; la droite et l’extrême droite s’étaient abstenues ou opposées.
Une seconde initiative, en novembre 2024, avait connu le même sort : bien que recevable, elle avait été bloquée par le président de la commission des Lois, Florent Boudié (Renaissance), qui avait refusé l’examen du texte avant la clôture de la niche parlementaire LFI.
Selon l’article 68 de la Constitution, la destitution du président de la République n’est possible qu’en cas de « manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ». Une formulation volontairement floue, qui laisse peu de place aux interprétations politiques pures.
Malgré les chances quasi nulles d’aboutir, cette nouvelle tentative de destitution s’inscrit dans une stratégie assumée par LFI : isoler politiquement Emmanuel Macron et marquer les esprits, à l’heure où son autorité semble fragilisée.




