A Abidjan, hier, jeudi 19 juin, Laurent Gbagbo a réagi à l’arrestation de Joël N’Guessan en pleine cérémonie officielle, soulignant l’ironie de la situation. « Il a témoigné contre moi à la CPI, aujourd’hui il passe devant les juges », a-t-il lancé, lors de la signature d’un accord politique entre le PPA-CI et le PDCI-RDA.
Joël N’Guessan, ancien ministre des Droits de l’Homme et ex-porte-parole du RHDP, a été inculpé pour avoir publiquement accusé les magistrats ivoiriens d’exclure volontairement les leaders de l’opposition des élections à venir. Ses propos, jugés attentatoires à l’honneur de l’institution judiciaire, ont conduit à son placement sous mandat de dépôt, sur décision du procureur Koné Braman Oumar.
Gbagbo, acquitté en 2021 par la Cour pénale internationale, n’a pas manqué de rappeler le rôle que N’Guessan avait joué contre lui à La Haye. Ce dernier, qui plaidait autrefois pour que « justice soit faite pour les victimes », se retrouve aujourd’hui dans la position de l’accusé. « Les rôles ont changé », a ironisé Gbagbo, dénonçant un usage politique de la justice.
Selon l’ancien président, cette arrestation s’inscrit dans une stratégie plus large de verrouillage du jeu politique par le pouvoir actuel. Il critique l’éviction des principales figures de l’opposition dont lui-même, Tidjane Thiam, Guillaume Soro et Charles Blé Goudé de la liste électorale. « Ce n’est plus de la démocratie, c’est un parti unique déguisé », a-t-il lancé, appelant à la mobilisation contre les exclusions politiques.