Le Gabon a décidé de tourner une page importante dans la gestion de ses ressources minières. Le 30 mai 2025, les autorités ont annoncé qu’à partir du 1er janvier 2029, l’exportation de manganèse à l’état brut sera formellement interdite.
Cette décision vise à impulser une transformation locale du minerai, afin de renforcer la chaîne de valeur nationale, créer de l’emploi et accélérer l’industrialisation du pays. Cette annonce a un impact direct sur les acteurs étrangers majeurs du secteur, notamment la France, les États-Unis et la Chine, fortement dépendants du manganèse gabonais pour leurs besoins industriels. En 2023, le Gabon a produit environ 7,4 millions de tonnes de manganèse, se positionnant comme le deuxième producteur mondial.
À Libreville, certains analystes saluent cette orientation stratégique, estimant qu’elle aurait dû être adoptée bien plus tôt. « Il est temps de rompre avec la simple exportation de matières premières », affirme un ancien cadre du ministère des Mines. Trois entreprises exploitent actuellement le manganèse dans le pays, dont la Comilog, filiale du groupe français Eramet. Aucune n’a encore officiellement réagi, mais le délai de trois ans est perçu comme raisonnable pour adapter les infrastructures. Des experts assurent qu’il est possible, dans ce laps de temps, de construire des unités de transformation pour produire du manganèse métal, du silicomanganèse ou des agglomérés, des matériaux clés pour la sidérurgie. Cependant, les défis restent nombreux. Le manque d’énergie constitue un obstacle majeur. Le gouvernement mise sur des projets d’envergure, comme un barrage hydroélectrique de 600 mégawatts et de nouvelles centrales à gaz, pour soutenir cette ambition.
