Politique & Société

Réforme de la microfinance au Bénin : voici ce que les députés ont décidé pour protéger emprunteurs et IMF.

Le secteur de la microfinance au Bénin entre dans une nouvelle ère. Le mardi 24 juin 2025, les députés béninois ont adopté à l’unanimité la loi N°2025-14. Ce texte, présenté comme une avancée majeure pour l’inclusion financière, vise à renforcer la régulation, assainir le secteur et protéger aussi bien les institutions que les emprunteurs.

L’une des grandes nouveautés introduites par cette loi est l’obligation pour chaque institution de microfinance de disposer d’un Conseil d’administration. Cette exigence rompt avec certaines pratiques passées jugées opaques et marque une volonté de renforcer la transparence et la gouvernance interne des structures.

Le texte précise également de nouvelles responsabilités pour l’autorité de tutelle, élargit les champs d’action des IMF et introduit des exigences comptables et prudentielles plus strictes. Le capital social minimum devient désormais une condition essentielle pour exercer légalement, tandis que les règles encadrant la finance islamique sont clarifiées. L’ensemble de ces dispositions vise à offrir un meilleur équilibre entre efficacité économique et sécurité pour les utilisateurs de services financiers.

Lors du débat parlementaire, plusieurs députés ont souligné les enjeux concrets liés à cette réforme. Abou Torou, représentant de l’Union progressiste Le Renouveau, a alerté sur le phénomène croissant du surendettement. Il a proposé la mise en place d’une plateforme nationale pour centraliser les informations sur les emprunts afin d’éviter que certains individus ne contractent plusieurs crédits dans différentes structures, créant ainsi un effet de cavalerie dangereux.

De son côté, Benoît Dègla du Bloc Républicain a plaidé pour une meilleure harmonisation des conditions de prêt, tout en dénonçant la persistance de structures informelles opérant sans autorisation. Il a également appelé à une amélioration des délais de traitement des demandes, souvent jugés trop longs.

Hélène Olossoumaï, députée du parti Les Démocrates, a apporté son soutien au projet de loi, soulignant que la microfinance reste un outil puissant de lutte contre la pauvreté et un levier pour le développement local. Elle a encouragé l’exécutif à déployer les moyens nécessaires pour une application rigoureuse des nouvelles règles.

Dans un autre registre, Arouna Issiaka a mis en lumière les difficultés que rencontrent les IMF pour se faire rembourser par des clients de mauvaise foi. Il a appelé à renforcer les mécanismes de recouvrement tout en veillant à préserver l’équité entre prêteurs et emprunteurs.

Le texte accorde une période de douze mois aux institutions concernées pour se conformer aux nouvelles dispositions. Avec ses 173 articles répartis en dix titres, cette réforme se veut ambitieuse et structurante. Elle vise à restaurer la confiance dans un secteur vital pour l’économie informelle, l’entrepreneuriat et l’autonomisation financière des populations.

En modernisant son cadre légal, le Bénin montre sa volonté de bâtir un système de microfinance plus robuste, équitable et durable.

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