Entre le 26 et le 28 juin 2025, la capitale togolaise a vécu trois jours d’une rare intensité. Manifestations massives, violences meurtrières, disparitions tragiques : la mobilisation contre le régime de Faure Gnassingbé a viré à la tragédie. Au moins sept personnes ont perdu la vie, selon les premières estimations de la société civile, parmi lesquelles deux jeunes Béninois retrouvés noyés dans le quatrième lac d’Agoè-Lomé.
Les deux victimes, frères et résidents à Lomé, auraient été arrêtées en pleine nuit alors qu’elles rentraient d’une sortie entre amis, à la veille des manifestations. D’après les déclarations de David Dosseh, porte-parole du Front Citoyen Togo Debout, les corps ont été repêchés sans qu’aucune expertise médicale ne soit effectuée. Les autorités évoquent une noyade, mais l’absence d’autopsie et les circonstances suspectes entourant leur disparition alimentent les soupçons.
Le bilan humain de ces trois jours est alarmant : sept morts, plusieurs dizaines de blessés graves, et au moins soixante interpellations. Certains corps présentaient des impacts de projectiles. Un adolescent de 16 ans, fraîchement admis au BEPC, aurait été tué par balle lors d’un rassemblement. D’autres, comme ce gardien de sanitaires publics, ont péri en tentant de porter secours à des blessés.
Selon le Front Citoyen Togo Debout, la violence déployée dépasse largement le cadre d’un maintien de l’ordre. Des miliciens armés, parfois cagoulés, auraient épaulé les forces de sécurité, créant un climat de terreur dans les quartiers populaires de Lomé. « C’était une opération de répression, pas de sécurisation », martèle David Dosseh.
La situation a franchi un nouveau seuil lorsque des centres de santé ont été la cible de gaz lacrymogènes, provoquant l’incendie d’une ambulance à Adakpamé et mettant en danger la vie d’un nourrisson. Face à ce qu’ils considèrent comme une violation inacceptable de la neutralité médicale, les professionnels de santé ont déclenché une grève de trois jours.
Dans les quartiers réputés proches de l’opposition, les témoignages font état de perquisitions sans mandat, d’arrestations arbitraires, de vols de biens personnels. Certains blessés ont même préféré se cacher plutôt que de se rendre à l’hôpital, redoutant une arrestation.
Depuis la démission du gouvernement togolais en mai, le pouvoir semble en sursis. La répression de ces derniers jours n’a fait qu’amplifier les tensions. Au sein même du régime, des dissensions émergent. David Dosseh alerte : « La colère est profonde. Les jeunes n’ont plus peur. Si le gouvernement ne prend pas des mesures fortes, le pire est à craindre ».
Des voix de plus en plus nombreuses demandent des enquêtes indépendantes, voire internationales, sur ces violences. Le silence des autorités et le manque de transparence risquent d’aggraver encore une situation déjà explosive.